En avançant dans ce métier de scénariste, j'en viens parfois à me poser des questions métaphysiques. Je sais, c'est pas raisonnable, mais c'est comme ça.
Dernière en date: mon interrogation à propos du nombre de versions nécessaires pour qu'un séquencier soit mûr pour devenir une continuité dialoguée. Eh bien oui, moi ça me travaille.
Sur l'une des série, en format 52' sur laquelle nous écrivons, on en est à la version 5 du séquencier. Et j'avoue que je commence un peu à saturer. Parce que quand on vous dit "là, il faut pas mettre "Bidule explique à Machin, mais "Bidule informe Machin", je me dis que ça va peut-être un peu loin.
Car même si l'exigence reste pour moi une valeur sûre et la meilleure assurance qu'à l'arrivée le scénario et le film seront le moins mauvais possible, il n'en reste pas moins qu'en verrouillant un séquencier à la virgule près, je me sens un peu coincé. Je suis un peu comme ces comédiens qui à force de répéter la scène, n'ont plus de jus ni de créativité au moment où ils entendent "moteur". J'ai besoin de réinventer les scènes au moment où je fais parler les personnages, parce que c'est là que se forme véritablement la chair des scènes, là qu'on insuffle la vie à des morts, tel le Dr Frankenstein, qu'on fait l'amour avec les mots (c'est beau, ça hein ?). Le séquencier est un sequelette , et baiser un squelette, moi, ça me dit pas grand chose. Bon bien sûr, ça doit dépendre des auteurs. Je crois que c'est Racine qui disait: "Ma pièce est finie, je n'ai plus qu'à l'écrire".
Alors voilà ce que j'ai envie de dire même si ça doit choquer: de la même façon que le tournage doit se faire contre le scénario, l'écriture d'une continuité dialoguée doit se faire contre le séquencier. Je sais, je sais, c'est gonflé, mais je le dis.
Aaaah, je me sens mieux…
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2 commentaires:
5 versions de séquenciers?!! Et ben...voilà comment on épuise les auteurs ...
Et je suis presque d'accord avec toi sur les dialogues. Si si...
Me voilà de retour et j'ai toujours autant de plaisir à te lire, ouf c'est bon signe, je n'ai pas perdu la foi, je vais juste me la jouer cool et rejoindre la cohorte de ceux qui font ça pour le fun , tranquilles dans leur coin...:)
Heureusement j'ai d'autres projets!
Car finalement, après vous avoir lu et relu je me dis que ce métier est vraiment très exigeant pour peu de récompenses parfois...souvent...
Tu ne parles pas souvent de ton versant réalisateur, ne songes tu pas à écrire pour toi même, c'est sûrement déjà fait?
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