J'écris des scénarios depuis longtemps. Et si j'arrive aujourd'hui à construire un récit et à mettre le mot fin sur la dernière page (sur la première ça faisait pas sérieux), il n'en a pas toujours été ainsi.
Avant je me lançais tête baissée dans l'écriture, rédigeant dans une fièvre inspirée les trente premières pages d'un long métrage... qui restaient dans un tiroir faute de savoir où j'allais et comment donner forme à la suite.
Avant. Mais avant quoi me direz-vous ?
Disons plutôt avant qui.
En 1994, paraît un livre intitulé "La Dramaturgie", écrit par un certain Yves Lavandier. Un livre expliquant les rouages de l'écriture et donnant les clés pour maîtriser l'art du récit, sous toutes ses formes, tout en s'appuyant sur une mine d'exemples tirés du répertoire du cinéma, mais aussi du théâtre, de la BD, de l'opéra...
Bref une Bible, une somme, un ouvrage exhaustif, et qui m'a sauvé la vie, scénaristiquement parlant.
Car depuis, j'arrive, dès la première étincelle d'une histoire, à avoir une vision globale, structurée, du récit que je vais mettre en place. Et j'avance, tel le roi mage guidé par l'étoile du berger.
Je m'étais alors promis, si un jour je venais à croiser la route de monsieur Lavandier, de lui dire tout le bien qu'il m'avait fait, la révélation que fut pour moi la lecture de son livre, et qui devait me convertir définitivement à l'écriture, tel Paul sur le chemin de Damas.
Depuis hier, c'est chose faite.
À l'occasion d'un séminaire sur les séries américaines organisé par la SACD, j'ai pu enfin, 12 ans après, réaliser la promesse que je m'étais faite.
Yves Lavandier était dans la salle. Timidement, je suis allé le voir.
Je lui ai simplement dit: "Merci d'exister!".
Il a ouvert de grands yeux incrédules, cherchant du regard la Sécurité, puis devant mon sourire béat, m'a finalement tendu la main.
J'ai vu alors passer sur son visage l'expression de ceux qui savent le prix de la reconnaissance.
Et l'importance qu'il avait à cet instant pour moi le réconfortait dans l'idée qu'il avait accompli quelque chose de grand.
Car ce n'est pas seulement pour moi qu'il y a un avant et un après Lavandier.
Si aujourd'hui le scénario s'enseigne massivement dans les écoles, si le cinéma de genre a pris un nouvel essor en France, si les diffuseurs, les producteurs de télévision, mettent en place des séries un peu mieux écrites et plus ambitieuses, c'est en grande partie parce qu'ils ont lu "La Dramaturgie", et qu'ils ont saisi l'importance du scénario, la qualité nécessaire d'un récit.
Dans d'autres domaines cela s'appelle une réforme, et c'est à monsieur Lavandier qu'on la doit, en France, en grande partie.
Merci donc et encore bravo.
(vous trouverez ICI une interview de Yves Lavandier)
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8 commentaires:
C'est quand tu l'as pris en photo avec ton téléphone portable qu'il a dû être un peu surpris...
:)
Il a nom qui fleure bon en tous cas :)
j'ai connu ca aussi avec des auteurs de pieces de theatre et dont jamais je n'aurai cru un jour croiser physiquement et humainement la route... moments de reel bonheur et d'aboutissement qu'on aimerait rejouer sans cesse comme un jour sans fin...
Tout pareil. Je me souviens d'un salon du livre où j'étais devant les écrivains comme Cedric devant Depeche Mode.
Oarf devant JC il est pareil ;)
C'est po une personne? :'(
Sonny Crockett, c'est le type avec un raton laveur sur la tête?
Ah ah j'ai pas osé la faire celle la ! :)
Tu connaitrais pas mon père des fois Caroline ?
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