8.12.08

Un long moment de silence…

…voilà ce qu'il me fallait pour reprendre mon souffle. Oh pas que je sois si fatigué, même si l'hiver m'est toujours plus pénible que le printemps (oui c'est original. Encore qu'il y a des gens qui adorent qu'il fasse -12).

Mais avec l'inertie du temps qui passe, le poids des éponges, le découragement face à des projets qui prennent parfois des allures d'Everest infranchissable ou de brouillard austral, le seul moyen que j'aie trouvé pour ne pas avoir mal aux os, c'est de laisser couler, de faire le dos rond et d'attendre que le souffle de l'envie me rafraîchisse à nouveau.

Écrire, c'est puiser dans l'eau claire de ses souvenirs et du présent, et quand le clapotis devient trop fort et que tout se trouble, j'attends que ça passe.

Oui, je sais, ça ne veut rien dire ce que je viens d'écrire. Mais ça me fait du bien alors bon, c'est bien ça le principal.

Pour le reste, les nouvelles du front, eh bien GDM se poursuit. Des ateliers, des auteurs motivés mais parfois un peu perdus, pas toujours à l'aise avec le ton ou la structure, mais quel auteur est parfaitement à l'aise sur une série dont il n'a pas créé ou du moins façonné l'univers ? Si, ça existe ? Bon, j'ai dit une connerie de plus alors.

Le web, le web, le web…
Y'en a que pour le web en ce moment. Pourquoi pas. Reste à savoir comment ça nourrit son homme. En histoires et en monnaie.
Le web.
On verra bien.
Demain est un autre jour.
Quant à après-demain, il n'existe tout simplement pas.
Dès fois, c'est tant mieux.

Allez, j'attends le printemps.

Le printemps dans ma tête.

12.11.08

Damages 2

En attendant que la suite de GDM prenne son allure de croisière et que d'autres projets prennent naissance, je surfe. Et je vous signale que la saison 2 de l'excellent Damages est pour très bientôt (Janvier prochain) sur les télés.

J'ai hâte, j'ai hâte !

Damages 2 - bande annonce

5.11.08

Obama casse la baraque

Aujourd'hui, je suis noir, et pas seulement à cause de mon sempiternel pull sombre.
Le mot espoir, vidé de son sens depuis bien longtemps, a repris hier des couleurs.
Ce gars-là est magique et en entendant les résultats j'avoue que le grand sensible que je suis a versé sa petite larme.

Reste plus qu'à espérer qu'un connard que le bonheur dérange, n'aille pas lui en coller une entre les deux yeux…

31.10.08

Home, boring home

N'est pas Polanski ou Carax qui veut. Partant d'une idée forte et originale, une famille dans une maison au bord d'une autoroute qui prend vie, Home d'Ursula Meier n'atteint que très rarement sa promesse. La faute à un scénario qui s'épuise de scènettes en scènettes sans jamais vraiment décoller. La sensation de voir un (très) long court-métrage. Reste quelque plans marquants, furtifs, la famille traversant l'autoroute avec un congélateur, les automobilistes pris dans les bouchons devant la maison et sortant de leurs voitures pour photographier cette verrue au milieu de nulle part.
Mais des impressions furtives font-ils un film ? Est-ce normal de bailler autant que je l'ai fait devant l'incapacité de l'auteur à échapper à la collection de scènes et à raconter une histoire forte qui nous emmène quelque part, même si les personnages ont le droit eux, d'aller nulle part ?

Une seule vraie surprise dans ce film, le jeu d'un acteur de 12 ans comme je n'en ai jamais vu dans le cinéma français, où les gosses s'appliquent d'habitude à jouer faux ou à réciter. Le garçon qui joue le fils de la famille lui, est d'une grâce lumineuse, d'une justesse et d'une profondeur inouïes.

Il s'appelle Kacey Mottet Klein, et j'espère qu'on le reverra très très vite.

27.10.08

Podcast

L'interview que Ced et moi avons donnée à Aix les Bains aux sympathiques responsables du site Spin-Off est en ligne ici.

En la réécoutant, je m'aperçois que j'ai dit moins de conneries que dans mon souvenir ;).

24.10.08

Ça avance

Semaine positive, au cours de laquelle s'est amorcé le redémarrage de GDM. De nouvelles rencontres aussi, très prometteuses, mais je préfère attendre avant d'en parler plus en détail. Je suis sans doute plus superstitieux que mon camarade.

En tout cas il se passe des trucs, et ça, ça fait toujours du bien !

Allez, bon week-end à tous.

20.10.08

Mon Aix

Me voilà de retour du festival d'Aix les bains, où se déroulait le festival "Scénaristes en série", 3ème saison, avec un certain sentiment de malaise.
Festival de la déprime des auteurs et des producteurs? Festival masochiste ?
Il faut dire qu'à chaque fois, un pays est invité, dont on découvre les nouvelles séries. Et ça n'aide pas.
Parce qu'entre les USA pour la première édition, le Québec l'an dernier et les Anglais cette année, c'est quand même toujours l'occasion de se prendre une bonne claque. On sort des projections en se disant "mais pourquoi nom d'une pipe, ne sommes-nous pas capables de faire des séries avec autant d'exigence et de qualité, aussi bien concernant l'histoire que les personnages, l'originalité ou le ton?". Et qu'on ne me sorte pas l'argument du budget. Certes, il est valable pour les fictions US, mais il suffisait de voir les séries anglaises cette année pour comprendre qu'on peut être inventif et pertinent avec des budgets plus que serrés, en tout cas sûrement pas plus importants que les nôtres.
Un début de réponse a été apporté par ces mêmes Anglais, auteurs, producteurs et diffuseurs, lors d'une table ronde où ils nous ont expliqué leur philosophie. Tout d'abord ils étaient super étonnés d'apprendre qu'en France, notre mètre étalon est la ménagère de moins de 50 ans. Comme le rappelait un des auteurs, sa mère a 60 ans et son film préféré est le Silence des agneaux.
Ensuite leur façon de voir les choses est très simple. Une bonne série, c'est avant tout une bonne histoire, avec des personnages forts et un ton cohérent pour raconter cela. Cohérent signifiant "sans concession". Tout le contraire de la France finalement. Ici, une série doit avant tout correspondre à un certain type de public, certaines tranches d'âge ou catégories professionnelles. Bref, là où les Anglais écrivent en pensant d'abord dramaturgie et personnages, nous nous écrivons en pensant d'abord cible, marketing, annonceurs. Quel scénariste français n'a pas déjà reçu des notes d'une chaîne lui demandant de transformer un personnage parce qu'en ce moment ils sont un peu légers sur le segment des gays CSP+ de 30-35 ans aimant le sport et le commerce équitable ? Une productrice anglaise confirmait qu'elle trouvait cette façon de faire totalement incongrue, et qu'on avait toutes les chances en pratiquant ainsi de perdre son âme et d'écrire des histoires molles. CQFD.
Impression confirmée par la projection le dernier soir des bandes annonces des chaînes françaises pour présenter leurs prochaines fictions. En voyant ça, on avait surtout envie de travailler pour Arte et Canal +, les deux grandes chaînes historiques dont les audiences sont les plus faibles. Comme par hasard.
Quant à la table ronde intitulée "Fiction dans quel état j'erre?", elle était proprement surréaliste. Voir la vielle garde de la fiction française, de Navarro à Lescaut, nous expliquer qu'on avait perdu la magie de l'âge d'or m'a tout simplement coupé le souffle. Qualifier un robinet d'eau tiède d'âge d'or, c'est juste à se flinguer avec une saucisse plate. Où alors il faut comprendre "âge d'or" dans le sens sonnant et trébuchant, tant il est vrai que les caciques présents au débat se sont fait des couilles en or avec des fictions au goût d'opium du peuple.
Curieux sentiment donc, à propos d'un festival qui cherche des solutions au malaise de la fiction hexagonale, mais en convoquant à son chevet les médecins de Molière.
Certains producteurs à l'issue de la dernière soirée me confiaient leur déprime. La crise financière, la suppression de la pub sur le service public, les chaînes commerciales qui confondent marketing et dramaturgie, voilà de quoi se demander où l'on va et jusqu'à quand.
Même la bouffe était sous forme de miniatures, comme si un mauvais génie avait tout rétréci d'un coup de baguette magique.
Heureusement qu'il y avait les amis avec qui rigoler et refaire le monde, nos producteurs préférés qui ont l'air de garder le moral contre vents et marées, et les journalistes de Spin-off pour nous interviewer, Cedric et moi. Ça nous a permis de vider notre sac, et vous pourrez bientôt écouter ça sur leur site.

Je ne sais pas si j'ai hâte à la prochaine édition du festival, mais j'ai surtout hâte que chacun prenne conscience qu'on n'écrit pas des bonnes séries le nez sur les chiffres. Et ça passe par une remise en question de chacun: les auteurs sont-ils si bons que ça ? Les producteurs sont-ils suffisamment impliqués ? Les diffuseurs peuvent-ils être plus proches des auteurs que des annonceurs ?
Une remise en question qui n'a en tout cas pas eu lieu dans cette 3ème édition du festival, plus proche de l'onanisme collectif pour certains ou du refoulé pour d'autres.
L'année prochaine ?

Si tout va bien…

16.10.08

Ça va Lise ?

Oui, elle allait plutôt bien Lise aujourd'hui.
Elle nous a même dégoté un contact avec un producteur qui pourrait se révéler très intéressant.
Et en parlant de valise, demain c'est départ à Aix les Bains pour le festival des scénaristes, 3eme du nom.
Au programme forums, conférences, rencontres, alcool à gogo et nuits courtes !

13.10.08

Putain de série !

Allez, j'y vais de ma pub moi aussi, parce que le projet est excitant, fait par des gens de talent (Makingprod à la production, Daive Cohen à l'écriture, Julius Berg à la réalisation, sans parler des comédiens, tous excellents).

Il s'agit d'une Web-série, qui pourrait bien connaître un développement ultérieur sur une chaîne. Le pitch ? Un pool de scénaristes au travail ! Où comment vivre de l'intérieur, avec un humour à la dynamite, les affres de ces auteurs qui imaginent vos séries préférées.

Et si ce concept de série pour le web s'imposait de plus en plus, pour devenir un modèle dramaturgique et économique préfigurant le renouvellement d'une fiction française qui n'arrive pas encore à se trouver ?

Ça nous arrangerait, Cedric et moi, parce qu'on a un super projet à caser !

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9.10.08

Râler plus pour gagner plus

Bon, ça fait des semaines que je me retiens de râler sur ma condition, que je me dis que ce blog ne doit pas être un exutoire de mes angoisses, que je n'ai pas à faire subir à mes nombreux (?) lecteurs la fluctuation de mes états d'âme, et hier, je craque.
Résultat, dans la foulée, j'apprends que l'écriture de GDM va reprendre et que la fin de l'année devrait être bien occupée (et rémunérée).

Voilà qui ne va pas m'inciter à me retenir de râler.
Vous êtes prévenus…

8.10.08

Repère

Par nostalgie, et parce que je n'ai pas grand chose à faire en ce moment, je me suis retrouvé avec, entre les mains, le livre de photos de la naissance de Tom. Et à la fin du livre, il y a des extraits de mon blog, que je venais alors tout juste d'ouvrir.
Je parlais de la joie d'attendre cet enfant, mais aussi de la difficulté à attendre que les projets d'écriture se concrétisent. J'avais l'impression de vivre quelque chose de fort, comme un vrai tournant de ma vie et j'allais même jusqu'à écrire que l'année 2006 serait une grande année ou ne serait pas.
Finalement, l'année 2006 est passée, puis l'année 2007, et presque 2008. Et en cette rentrée, je pourrais écrire mots pour mots l'angoisse et le doute qui m'étreignaient alors. 2009 sera-t-il une grande année professionnellement ? Cela va-t-il enfin décoller ? Vais-je pouvoir vraiment commencer à vivre de mon métier ?

Comme une drôle d'impression que l'histoire se répète.
À la seule différence que Tom aura bientôt 3 ans, qu'il va à l'école et qu'il sait chanter sans se tromper "une souris verte".

Finalement, le seul vrai repère pour me dire que ma vie ne fait pas du surplace…

30.9.08

Seconde Seconde Chance

Pour faire mon devoir de scénariste, j'ai regardé la suite de Seconde chance, pour voir si ma première impression se confirmait.
Une première impression reste toujours une première impression (proverbe chinois) et je reste donc sensible au ton et au charme général de cette série.
Maintenant, force est de constater que passé la surprise, les lacunes commencent à se voir.
L'essai a du mal à se transformer, car on sent que les auteurs ne sont pas allés au bout de leurs ambitions. Et on sait tous, nous les auteurs qui travaillons dans le principe de réalité, que ce n'est pas forcément la seule faute des scénaristes. L'écriture d'une série est une longue aventure, je pourrais vous en parler pendant des heures… ;)

La sensation qui prédomine donc dans ces épisodes 3 et 4, c'est que le scénario tourné correspond à une V1. Chaque scène aurait méritée d'être retravaillée, pour qu'on en tire tout le "jus" dramaturgique. En l'état, les personnages prometteurs d'hier s'étiolent un peu dans des conflits qui ne démarrent pas, et Alice fait un peu du surplace.
L'intrigue B révèle encore plus ses défauts, car elle a moins de personnages derrière lesquels se cacher. Il manque au fils tennisman un antagoniste clairement identifié. On aurait aimé voir le joueur qu'il doit rencontrer et qui est susceptible de mettre une fin définitive à sa carrière. Sans la présence incarnée de cette figure inquiétante, on se désintéresse de la problématique de l'adolescent tourmenté.

Ce qu'a le mieux réussi la série, c'est de rendre immédiatement sympathiques quelques personnages clés (l'héroïne, qui tient majoritairement tout ça sur ses frêles épaules, la standardiste, le copain du resto italien…). Du coup, c'est surtout eux qu'on a envie de retrouver, en espérant à chaque fois que leurs aventures seront à la hauteur de l'attente qu'ils ont créée, par leur simple présence identificatrice.

Mais c'est là qu'on mesure le fossé qui sépare encore malheureusement la fiction américaine d'une certaine fiction française. L'exigence du récit, le bouclage de chaque scène, de chaque intention, la capacité à mettre la musique au bon moment, pour faire d'une scène un joli morceau de comédie ou un pur instant d'émotion. Ce que Desperate Housewives réussit à merveille.

Mais je salue l'initiative, l'effort de faire autre chose qu'un Plus belle la vie bis, l'effort d'apporter une fraicheur dans la réalisation, les décors, la lumière, le ton général…

Le progrès est en marche, et c'est en forgeant qu'on devient forgeron. Les américains ont toujours été de merveilleux conteurs. Il nous reste à nous souvenir qu'à une certaine époque, nous avions aussi un savoir-faire en la matière. Un savoir-faire abîmé par des années de Julie, de Joséphine, et de tant d'autres femmes de lois. Ces véhicules d'idées démagogiques, tendant à nous faire croire que la vie est exempte de souffrances, y compris et surtout dans les commissariats. Cet opium du peuple pour les cerveaux disponibles.

Alors oui, tout le monde est encore un peu dans le brouillard, et avance à tâtons à la recherche de ses sensations, comme en convalescence. Mais j'ai le sentiment qu'au loin, la lumière brille, qui va nous permettre de recouvrer la vue…

Alice en est une des (petites) étincelles.

29.9.08

Une chance de passer la seconde ?

Pour faire mon devoir de scénariste, j'ai regardé Seconde Chance tout à l'heure sur la Une. J'avais déjà été alléché ce matin sur France Inter, par une interview d'André Beraud qui en parlait très bien. Pas de doute, ce gars-là a un truc en plus (que son prédécesseur). Un discours, une philosophie, une intelligence qui, je l'espère, vont marquer durablement l'avenir de TF1 en matière de fictions.

J'ai regardé, donc. Eh ben c'est vachement bien. Bon, ok, merci Ugly Betty, Deuxième chance et tout et tout, mais bon, qui copie sur personne aujourd'hui, hein ? Et puis quand c'est pour la bonne cause… J'ai dû afficher le logo pour vérifier que j'étais bien sur la Une. Rythme d'enfer, comédiens justes (parfaite la petite Alice, parfaite), décor somptueux, lumière chiadée, dialogues enlevés, ni trop premier degré, ni trop second degré, et des cliffs qui fonctionnent très bien. Bref, j'ai envie de voir la suite. Et ça, sur TF1, pour une série française, ça faisait longtemps que ça m'était pas arrivé…

Alors j'ose espérer que cet élan de modernité va faire passer un souffe salutaire dans tous les couloirs de toutes les chaines françaises. Plus belle la vie a soudain pris un sacré coup de vieux, et je me demande à quoi va ressembler notre cher Paris 16… Bref, pourvu qu'enfin, enfin, une autre fiction puisse s'installer durablement. Inventive, rythmée, drôle, émouvante, et bien interprétée…

Ouh là là, c'est pas rien quand même…

Quelque chose

Depuis la rentrée, l'attente (les attentes) est de mise, et cette nouvelle semaine sera dans la continuité.

France 2 sera-t-elle convaincue par les dernières modifications apportées aux V3 de GDM, et dans la continuité, aura-t-on le droit à une seconde session comme espéré, vers la fin octobre ?

Le projet personnel qui nous a tant excités, mon compère et moi-même la semaine dernière, séduira-t-il nos producteurs uniques préférés ?

Aurons-nous des nouvelles des projets envoyés à un autre producteur rencontré récemment ?

Vais-je regagner mon statut de N°1 mondial sur Top Spin 3 ?

Bref, est-ce qu'il se passera quelque chose cette semaine ?

Vous le saurez dans un prochain épisode…

22.9.08

Aix fan des séries

Bon ben voilà, ça y est, ma demande d'accréditation pour le festival Scénaristes en séries est partie. Enfin, c'est surtout le chèque qui a été le plus dur à lâcher dans la boîte. Parce que l'automne, c'est les feuilles (d'impôt) qui tombent, mais pas trop les billets…

Octobre sera sûrement mieux. Et pis au festival, on fait des rencontres, des producteurs à la recherche de pitchs inédits, des diffuseurs à la recherche de producteurs recherchant des auteurs avec des pitchs inédits, des comédiens qui recherchent des… enfin bref une mise en abîme vertigineuse, une sorte d'accélarateur des particules du PAF dont il va forcément ressortir quelque chose de positif…
Mouais…

Bon allez, ce sera l'occasion de boire un coup avec des camarades d'infortune et surtout de débiner les gens qu'on aime pas…
Et ça, ça n'a pas de prix…

Mouais…

15.9.08

Tournez manège

Allez, ça bouge, ça tourne, ça avance. Il suffit que notre producteur préféré (il paraît qu'il adore ça, alors j'en profite) nous lance un défi et la machine à inventer des histoires se remet en route.
C'est vrai que la télé bouge, qu'il y a des choses à faire qui n'ont pas encore été faites, encore faut-il des producteurs qui sentent cela et qui aient un vrai enthousiasme pour explorer des terres inconnues.
Makingprod fait incontestablement partie de ceux-à, et le pilote que nous avons pu visionner d'un de leurs nouveaux projets est la marque à la fois d'un vrai talent de développement, et de la capacité à faire exister concrètement un projet.

Bref, un bon rendez-vous qui m'a fait du bien aux idées.

Si on ajoute à cela le fait que Tom a réussi hier a attraper son premier pompon au manège (mon fils est un winner !), on peut dire que la rentrée a enfin commencé…

11.9.08

Ma série idéale

Ce serait une série feuilletonnante que j'aurais écrite avec mon compère Cedric.
Ce serait une série où les personnages peuvent se montrer tour à tour sérieux et légers.
Une série où les dialogues aideraient les comédiens à se sentir bien pour incarner ces personnages tour à tour sérieux et légers.
Des dialogues qui ne seraient donc pas sortis d'un bottin ou d'un ordinateur, mais qui glisseraient avec facilité, douceur, et une petite pointe en l'air de temps en temps
Une série avec du rythme, c'est-à-dire dans laquelle on ne verrait pas forcément les personnages sortir de la pièce, après s'être dit "Salut et merci", "De rien, ça m'a fait plaisir", "Allez à la prochaine" "C'est ça à bientôt".
Une série qu'on aurait envie de retrouver chaque jour, parce qu'elle parle de nous, de la vie, de l'amour, de la mort, des choses qu'on ne sait pas se dire, des choses qu'on sait trop bien se faire, et tout ça sans plomber l'atmosphère, en nous faisant rire même au passage, de nous et des autres.
Une série qui aiderait les gens à s'aimer, à comprendre d'où ils viennent, à imaginer où ils vont, sans en avoir peur, sans en faire tout un fromage.
Une série qui changerait l'humanité parce qu'elle rendrait les hommes (et les femmes) meilleurs, et leur donnerait envie de transmettre à leurs enfants l'idée que la vie est belle même si on va tous mourir.
Une série qui nous fasse vivre des moments beaux comme un enfant penché sur une fontaine un soir d'été, comme une île entre ciel et terre, comme le vent qui soulève les perruques des vieux beaux sur les terrasses ensoleillées.

Une série… une série… Enfin, vous avez compris l'idée quoi.

Ah, juste un truc pour finir, qui n'a rien à voir.
Avec Cedric, on est passé sur le tournage de P16.
Voilà.

5.9.08

Un petit moi

Non, ce n'est pas une erreur d'orthographe, je ne veux pas parler de septembre qui promet effectivement de rester dans les annales comme un petit mois sans trop d'argent ni de boulot.
Je veux parler de mon fils, Tom, avec la naissance duquel j'avais ouvert ce blog il y a longtemps déjà.
Tom a grandi, il aura 3 ans en décembre, mais surtout, il vient de faire sa première rentrée scolaire.
Un moment toujours important dans une vie, celui où l'on quitte pour la première fois le cocon parental pour se retrouver plongé avec une trentaine d'inconnus, dans une école aux dimensions inquiétantes.
Alors bien sûr, Tom a pleuré quand il s'est rendu compte qu'on allait le laisser là, qu'il allait se retrouver tout seul pour affronter la meute des autres.
"Pourquoaaaa ?" m'a-t-il lancé ravagé par les larmes, avec un regard culpabilisant.
Du coup, maintenant, chaque nuit je revis ma propre rentrée en maternelle par Tom interposé. Je le vois perdu, triste, au milieu d'une cour balayée par un sale vent d'automne, je le vois dans la classe, inquiet de l'étrangeté des autres, je le vois jeter des regards désespérés vers la fenêtre, essayant d'apercevoir les éclats de la planète lointaine d'où il serait tombé…
Et à en juger par le malaise qui m'étreint chaque fois que je me réveille, je me dis qu'à travers lui je revis effectivement un scénario que j'avais oublié depuis bien longtemps.
On est peu de choses quand même, et puis surtout, on n'est jamais tranquille. On croit avoir remisé ses vieilles émotions dans un placard fermé à double tour, et crac l'arrivée d'un enfant vous fait repartir pour un tour.

Mais bon, hier en rentrant de l'école, mon petit moi m'a dit ": z'aime bien moi la cantine".
Tout n'est pas perdu…

26.8.08

Page vierge

Retour à Paris, fini la plage, le soleil, les apéros dans le jardin, c'est la rentrée des glaces.
Une rentrée qui me fait bizarre. C'est la première fois que je n'ai plus rien à voir avec l'intermittence du spectacle, ce qui veut dire que financièrement, je ne peux plus compter que sur les contrats que je vais signer pour écrire. Autant dire une sacrée loterie, vu l'état de la télé française, paumée, larguée, ne sachant plus s'il faut faire des soaps, à quelle heure, du 52, combien d'épisodes, rester sur du 90' historique et rassurant (Joséphine a encore fait un carton hier soir), bref, le téléspectateur est versatile, volatile, futile, fragile…
Il y aura certes toujours des histoires à écrire cette année, mais pour qui, où, quand, comment ?
On devrait être fixés sur la suite de GDM en octobre (c'est loin !), et d'ici là, un rdv par-ci, une relance de producteur par-là, ça devrait nous aider à garder la forme et le moral.
Sans compter qu'il y a quelques projets perso à retravailler et approfondir.

Mais je suis prêt à affronter toute cette incertitude, regonflé à bloc par un été où j'ai bien fait attention de ne jamais penser scénario ou personnage. La rentrée est donc une page vierge que j'ai hâte, et envie, de remplir…

24.7.08

( )

L'été est calme.
Et le restera vraisemblablement jusqu'à la rentrée. On ne saura qu'à ce moment-là si GDM aura droit à une seconde session. Et les divers producteurs auxquels nous avons envoyé des projets (Christine, si tu nous regardes) seront rentrés de vacances pour nous dire le bien ou le mal qu'ils en pensent.
Je vais donc en profiter pour faire une parenthèse. De Nice à Quiberon, en passant par le massif des Écrins avec les 13 Kg de mon fils sur le dos…

Et pour ne pas me déconnecter complètement, je continuerai à écouter sur France Culture "L'Amérique en 24 épisodes", une intéressante anthologie de la série US, que je vous recommande.

Bon été à tous.

18.7.08

Pills: à côté de la cible.

Le problème en France, c'est pas tant d'écrire des bonnes séries que de trouver des chaînes pour les diffuser.
Prenez Pills, héros tueur à gages. Canal+, contacté il y a quelques semaines, avait trouvé que ça n'était pas assez "sociétal" pour eux.
TF1, que les producteurs ont rencontré hier, trouve le projet magnifique, formidable, très bien écrit, excitant, bref parfait quoi. Sauf que c'est trop gonflé pour eux. A.B. peut changer un peu les choses, mais pas faire la révolution. Encore ce bon vieux principe de réalité.

Alors on fait quoi ? On abandonne le métier, on crée d'autres chaines, on propose un spin-off de Joséphine, on met un cierge, on couche avec quelqu'un (mais qui ?), on attend que ça se passe… ?

12.7.08

Méditation

J'ai été bien silencieux ces derniers jours. La faute à Ingrid et son aventure si singulière, qui a eu plus de répercussion en moi que je ne l'imaginais encore.
Tout un tas de questions qui se sont enchaînées, et qui se résument finalement en une seule: qu'est-ce qu'une vie réussie ? (Luc Ferry, si tu nous regardes…) Une sorte de crise de la quarantaine, à retardement (putain déjà…).
Le moment de faire le bilan, et d'essayer d'imaginer l'avenir.
Mais qui dit questions ne dit pas forcément réponses, et même si ma phase de méditation intense est passée, je reste sur ce sentiment étrange d'être au monde et d'être un peu à côté en même temps. Un sentiment que je connais depuis toujours, et qui reste mon compagnon le plus fidèle.
Vendredi j'ai souri en voyant un épisode de CCC que j'avais écrit avec mon compère Cedric. C'est toujours amusant de voir à l'écran les scènes que l'on a imaginées, et les dialogues qu'on a composés, seul dans une petite pièce…
Et j'étais loin de me douter, il y a deux ans, en écrivant cela, que ce serait la jolie Emilie qui prononcerait mes mots. La jolie Emilie qui donne tout son charme au personnage de Léa dans le pilote de Paris 16, et que je ne connaissais pas alors.
C'est dans ces petits bonheurs que je trouve finalement la certitude de ne pas m'être trompé de chemin…

4.7.08

Pleurer pour ne pas mourir

L'émotion est-elle soluble dans le second degré, ou encore, le second degré est-il un cancer de la pensée ?

Voilà le genre de questions que je me pose depuis deux jours, depuis en fait la libération d'Ingrid Betancourt.
Et aussi depuis que je lis certaines réactions à propos de cette libération. Toutes ces moqueries, ces polémiques qui pointent, cette haine parfois, cette dérision souvent.
Moi-même, hier matin, j'ai fait un petit post là-dessus pour être malin, genre c'est de la fiction, une nouvelle série, wouaha comme je suis trop drôle comme garçon.
Et puis dans l'après-midi, je vois en direct les images d'Ingrid (je l'appelle par son prénom maintenant) tombant dans les bras de ses enfants retrouvés. Et là, j'ai chialé comme un orage de mer (mère ?).
Tout d'un coup, j'avais plus envie de faire le malin, de trouver l'angle amusant, décalé, pour parler de ce dont tout le monde parle, parce qu'il ne faut pas parler comme tout le monde de ce dont tout le monde parle. J'étais emporté par une émotion totalement premier degré, rattrapé par l'évidence de mes facultés d'humains à reconnaître un pur moment d'humanité. Une femme, détenue pendant plus de six ans dans des conditions terribles, retrouve ses enfants, qui sont toujours les siens mais qui n'ont plus du tout la même tête, ni à l'extérieur ni à l'intérieur. Point barre. Il y a là-dedans tout un maelström de sentiments qui m'ont sauté à la gueule, avec des questions aussi simples, évidentes, et donc bêtes pour certains que "qui sommes-nous, qu'est-ce que l'amour, pourquoi est-ce si difficile pour certains de se dire je t'aime, ou pourquoi ce serait honteux de pleurer devant la vision d'une maman et de ses enfants qui renaissent les uns aux autres ?"
D'où mon interrogation sur le second degré. Je suis très souvent en mode " je me fous de la gueule des autres, de la vie, de moi-même, car, comme le dit ma copine Dulle "Tout ça va mal finir".
Certes, mais en attendant que ça finisse, parfois ça fait du bien de se sentir simplement un homme, avec des larmes gratuites, qui ne serviront à rien d'autre qu'à soulager ce trop plein d'humanité qui nous submerge quand tout à coup on arrête de faire le con pour accepter de vivre pleinement ce que nul autre ne peut vivre à notre place: des émotions.
Et si je me cache si souvent derrière mon ironie, eh bien hier j'étais à poil. À vif. Et vivre cela pleinement ne veut pas dire pour autant être dupe de la médiatisation, des enjeux, de tout ce bazar autour. Mais merde c'est une histoire de folie quand même, cette femme capturée et libérée. S'il y avait eu autant d'ironie à l'époque où un mec haranguait les foules avant de se faire crucifier, la religion catholique ne serait jamais devenue cette entreprise successful. Et les valeurs que porte Ingrid sont finalement les mêmes (avant que des connards les récupèrent pour en faire tout autre chose, comme d'habitude, on est d'accord). Car si mon émotion était si forte, cela tient beaucoup à la personnalité de cette femme, de son courage, de cette dignité, de toutes les valeurs qu'elles exprime et qu'elle incarne. Qui parmi ceux qui se moquent aujourd'hui, sont capables de dire "je souhaite le meilleur" à des gens qui les ont séquestrés, humiliés, torturés pendant 6 ans ? Qui ??? Alors bordel de merde, juste un peu de respect pour une femme qui dans un monde devenu fou, nous rappelle avec ses mots simples l'évidence de notre condition: oui, c'est l'enfer, oui, nous allons tous mourir, mais en attendant, aimons nous les uns les autres. Putain, voilà le vieux message… Ingrid, nouvelle icône de sainteté ? Comme je ne suis pas croyant pour un sou, je dirais plutôt nouvelle icône d'humanité. Je sais, ça fait grandiloquent, et peut-être que ça perd de sa force dit comme ça. En même temps, je ne sais pas comment le dire autrement, et surtout je n'en ai pas envie.

Voilà, j'avais juste envie de dire aujourd'hui que le second degré c'est bien, mais peut-être que trop de second degré tue le second degré. Et tue aussi quelque chose en nous, de tellement précieux…
Et comme c'est quand même un blog de scénariste, j'ai envie de dire que ça vaut aussi bien dans la vraie vie que dans les histoires qu'on raconte…

3.7.08

I.B.

Wouaaaah, quel trip devant mon petit écran hier soir ! Voilà, ça c'est de la télé ! Une mise en scène parfaite, des personnages charismatiques, une opération à la 24, du suspense, de l'émotion, du dialogue de qualité, des vrais méchants et des héros fatigués… Ben voilà, quand le service public veut bien se donner la peine d'engager les bons acteurs, les bons scénaristes et les bons réalisateurs, ça donne un épisode de série d'une grande force ! Non, France Télévision n'est pas encore morte !

(Dernière minute: on me dit que tout ça n'était pas un épisode d'une nouvelle série, mais que ça s'est réellement passé dans la vraie vie. Mouais… ça demande vérification quand même…)

1.7.08

Pub (deuxième coupure)

Et pis mince ! Comme on n'est jamais mieux servi que par soi-même, je remets un petit coup de projecteur sur mon grand œuvre, mon unique contribution publique (jusqu'ici) à la littérature, même s'il s'agit d'un domaine spécialisé. Je veux parler bien sûr du livre que j'ai traduit pour les éditions Dixit, La Psychologie des Personnages (H. Gluss, S.E. Smith). Et oui, déjà deux ans que l'ouvrage est paru, et même s'il ne m'a pas rendu riche, loin s'en faut, j'espère qu'il a été utile à quelques uns d'entre vous (et aux autres).
Sans compter qu'il semble de plus en plus dans l'air du temps de s'intéresser aux "personnages". Ce qui veut dire en fait, aux séries feuilletonnantes. Car tout l'intérêt du feuilletonnant, c'est bien évidemment de pouvoir développer des caractères sur une longue durée, de suivre l'évolution des personnages, dans leurs failles, leurs doutes, leurs échecs, leurs rebondissements, leurs espoirs, leurs réussites, et à nouveau leurs doutes… etc. Bref, considérer que ceux à qui l'on fait vivre des histoires, puissent être en interaction avec la vraie vie, et pas un monde idéal et enchanté où tout le monde aime tout le monde, où tout le monde réussit tout le temps ce qu'il entreprend… Donner à un personnage le choix entre une mauvaise solution et une autre encore plus mauvaise, voilà qui devient intéressant. Voilà qui permet de développer des personnages aux différentes facettes, des paranos, des borderline, des antisociaux, des histrioniques, des masochistes…
Et ça tombe bien, c'est justement le sujet de la Psychologie des Personnages (c'est brillant hein ?).
Bon, je vais pas vous refaire tout le sommaire, mais quand j'ai découvert ce livre sur Internet et que j'ai proposé à Dixit de le traduire, c'est parce que j'étais frustré que dans les séries françaises, on ne nous propose la plupart du temps que des ombres, des cintres sur lesquels on accroche un costume…
Le succès de la fiction US n'est-elle pas finalement dans la profondeur des personnages qu'elle sait mettre en scène ? De Vic MacKey à Tony Soprano en passant par la famille Fisher ou les femmes aux foyer désespérés (et j'en passe des dizaines et des dizaines…), voilà une belle bande de déglingués, de menteurs, d'hypocrites, d'angoissés, de frustrés. Des gens normaux, quoi.
Bien sûr, je ne prétends pas que ce petit livre va à lui seul révolutionner nos manières d'écrire. Je ne dis pas non plus qu'il n'y a pas d'autre manière d'aborder la construction des personnages. Mais s'il peut apporter sa pierre à l'édifice, ouvrir des horizons à quelques auteurs, producteurs, diffuseurs, acteurs, j'en serai déjà très fier…

PS: merci à Nathalie Lenoir qui a gentiment recommandé le livre sur Nidinfo

Dans l'attente… (air connu)

Ça devait être le rendez-vous attendu de la semaine.
Finalement (?) Pills sera présenté à TF1 le 17 juillet. Beaucoup de travail pour le nouveau directeur de la fiction, et pas assez d'heures dans une journée. Ça ne veut (sans doute) rien dire de plus. Le producteur m'a d'ailleurs rassuré ce soir. Il a eu en ligne la partie canadienne, qui se montre toujours aussi désireuse de coproduire le projet. Même s'ils n'ont pas encore eu le temps de lire les tous derniers développements qui leur ont été envoyés la semaine dernière. La faute cette fois à la fête nationale du Canada, qui a vidé les bureaux et les lieux de travail.

Bref ça continue d'avancer, lentement, mais ça continue. Et tant que le big boss de la big chaîne n'a pas dit non, on a le droit d'y croire.

30.6.08

Dans l'attente de votre réponse

Cette semaine est surtout marquée par la réunion chez Tf1, lors de laquelle Pills va être présenté au chef. Et c'est vrai que mine de rien, ça peut changer le parcours…
Alors en attendant, on patiente. Du lissage sur GDM, une réunion chez notre agent ce matin, chez qui le moral était plutôt bon, c'est déjà ça. Il paraît qu'il faut faire des séries avec des "personnages". C'est intéressant de se dire qu'après de si longues années, quelqu'un s'est dit "Ah mais dis donc, konécon, faudrait peut-être faire des séries avec des personnages ! Comme les Ricains tu veux dire ? Ben oui, c'est peut-être ça le truc pour que ça marche…"

Et comme apparemment polars ne rime pas avec personnages, il va y avoir moins de polars sur les écrans.
Bon, faut en profiter, ça va bien durer deux ans…

27.6.08

Pub

L'Auteur inspiré nous a interviewés, Cedric et moi, sur son BLOG.
C'est drôlement sympa de sa part.
Mais vu la tournure des événements en ce moment, je ne sais pas si on peut parler d'un tournant de carrière…

26.6.08

Chaud et froid

Dès fois, quand le premier contact avec un producteur est super bon, c'est pas forcément bon signe. Mais attention, c'est pas forcément de sa faute non plus.
Hier, nous avions rendez-vous avec le producteur de La vie devant nous, série pour TF1.
Il nous reçoit chaleureusement, on mange au catering sur les lieux du tournage, il nous fait venir sur la plateau, on discute agréablement. Bref, Ced et moi on se dit tout de suite qu'on se sent bien là, sur ce projet, avec ces gens-là.
Ce qui se confirme ce matin, puisque le producteur m'appelle à 8H30, enthousiaste: "salut, en fait c'est super pressé, on voudrait que vous écriviez un épisode tout de suite, voire deux, peux-tu passer à la prod récupérer des DVD etc." Super, je saute dans mon jean et arrivé à Saint Lazare, il me rappelle: "oups, on a eu un rdv ce matin avec TF1, en fait, ils préfèrent qu'on prenne des auteurs qu'ils connaissent déjà, je suis vraiment désolé…"
Et me voilà de retour chez moi.
Alors bien sûr, ça n'enlève rien au fait que je pense toujours beaucoup de bien de ce producteur, avec lequel je continue à avoir très envie de travailler. On doit d'ailleurs le revoir bientôt pour lui soumettre des projets persos.
Mais bon, je constate juste que du côté des diffuseurs, enfin surtout sur les chaînes privées, c'est toujours le pot de fer contre le pot de terre. Un producteur, animé des meilleures intentions du monde, n'a d'autres choix que de céder aux desiderata de son commanditaire.
Dites, c'est vraiment comme ça que les choses vont bouger ?

24.6.08

Flemme

Oui, en ce moment, flemme.
Flemme d'écrire ce post, flemme de trouver une photo pour l'illustrer, flemme de vous raconter notre rdv d'hier avec des jeunes talentueux quinenveulent dans le domaine de la 3D, flemme de travailler, de chercher des idées, de développer le nouveau concept qui s'est révélé à moi comme une évidence il y a quelques jours.
Flemme d'aller au cinéma, de jouer, de manger, d'écouter la radio…
Bref, j'ai qu'une envie, c'est glander.
Le bon côté de la chose, c'est que j'ai aussi la flemme de m'inquiéter pour l'avenir.
Comme quoi, tout mal a son bien…

20.6.08

- 50%

Journée sympa hier. Une après-midi consacrée à cogiter sur Pills, en compagnie du réalisateur et du producteur. Définir au mieux le style de la série, donc ce qui s'y passe, établir le bon rapport entre la comédie et l'action (pas facile ça). Un projet dont j'ai vraiment hâte de voir l'accueil chez le diffuseur.

Et le soir, petite sauterie entre amis blogueurs/scénaristes, où il a beaucoup été question de… scénario.


Alors pourquoi "-50%" ? Parce que j'étais diminué par une sale crève qui m'alourdissait la tête, me bouchait les oreilles, et m'arrachait la gorge dès que je voulais prononcer un mot.
Alors évidemment, je n'ai pas profité à fond de cette soirée où quelques membres éminents du scénario français conversaient avec de jeunes pousses.
Sorry guys, je ferai mieux la prochaine fois.

Allez je me soigne, bon week-end et à lundi !

18.6.08

Le vent se lève, il faut tenter de vivre…

Je ne sais pas si Shyamalan a lu Valery, mais à voir son dernier film, Phénomènes, on se dit que si, sûrement.
Depuis son premier opus, Sixième sens, je répète à qui veut l'entendre que Shyamalan fait des films spécialement à mon égard. Je comprends tellement chacun de ses plans, de ses dialogues, de ses thématiques que je me dis que Shyamalan est une sorte de réincarnation de moi-même, en talentueux bien sûr. Le problème c'est que je ne suis pas mort, et je crois que je ne lui pardonnerai jamais d'avoir pris ma place sans attendre que je disparaisse. Mais bon. Faudra qu'on ait un explication là-dessus un jour, lui et moi.
En attendant, j'ai passé hier un moment fort. Sur un sujet limpide (pourquoi personne n'y avait pensé avant), il déroule le génie de sa mise en scène, et cette façon si particulière, à la fois simple et décalée, de nous raconter une histoire. Je ne veux rien en dire de très précis pour ceux qui ne l'auraient pas encore vu.
Mais quand même, ces chutes de corps sur un chantier, l'apparition des grandes échelles dans les arbres puis de ce qui s'ensuit, le vent qui soulève les feuilles, menace invisible et pourtant bien réelle. Toute la terrifiante étrangeté du monde dans le simple plan d'une balançoire sous un vieil arbre. Tout cela sans effets spéciaux bruyants, sans racolage, juste des plans sobres juxtaposés qui dessinent le tableau angoissant d'une humanité en perdition. Le cinéma dans son essence même. L'antithèse du cinéma à la The Island, la modestie des moyens pour mieux faire ressortir l'essentiel. Ça aurait été tellement facile de faire de l'esbrouffe avec des explosions et des couleurs qui claquent. Mais Shyamalan n'est pas un réalisateur de pub ou de clips, c'est un auteur qui se pose à chaque fois la question de la forme et du fond, pour que son propos soit à chaque fois le plus juste et le plus fort possible.
À vrai dire, depuis Hitchcock, je n'avais jamais ressenti cela (le film à de nombreux points commun avec Les Oiseaux). J'aime cette sensation de fin du monde, ces personnages isolés, abandonnés de tout secours divin… Oui, le vent se lève, et oui, il va bien falloir tenter de vivre. Seul, forcément.
Il y aurait beaucoup à dire encore, mais comme je ne veux pas spoiler, je vais m'arrêter là.
Que d'autres aiment ou pas, ça m'est bien égal. Shyamalan fait des films rien que pour moi. Je lui ai d'ailleurs déjà passé une autre commande. J'ai hâte à l'année prochaine…

13.6.08

AI, c'est fini

Après la réunion avec le diffuseur, qui a rejeté la majorité des partis pris souhaités par la production, nous avons donc été écartés de la série. Un auteur va reprendre notre séquencier pour en faire une V8, et passer à la CD, si tout va bien.
Au-delà de la déception, sur le fond, la forme et le manque à gagner, je m'interroge.
Quand je lis par exemple le blog de l'apprenti, où il explique en gros qu'il préfère ne pas écrire pour la télévision française parce qu'il sent que ses projets n'y trouveraient par leur place, et que le goût du public ne correspond pas à ce qu'il a envie de leur proposer, j'avoue que cela me fait me poser des questions. Faut-il absolument se forcer à écrire pour gagner sa vie, quitte à vivre au quotidien la déception et la frustration, ou vaut-il mieux conserver son intégrité en attendant des jours meilleurs, et trouver un autre moyen de gagner de l'argent ?
Oui, mais quel autre moyen ? J'ai fait l'assistant-réalisateur pendant de longues années, je n'en ai plus envie, et je ne me vois pas vendre des big mac, en tout cas plus à mon âge. Et puis si on ne fait qu'attendre d'écrire au lieu d'écrire, est-on vraiment scénariste ? Bref, n'est-ce pas une posture un peu facile ? Car l'apprenti, par définition, est un apprenti, et il ne s'est donc jamais frotté au principe de réalité, celui d'un système, avec ses lois, ses contraintes, ses intervenants. Il n'y a aucun mal à renoncer à être scénariste de télévision, mais alors il faut passer à autre chose. Finalement, je préfère me dire qu'il doit y avoir un moyen de combattre de l'intérieur. À force de croiser des gens et après quelques mauvaises rencontres, on finit par trouver ceux avec qui ça peut coller
Le meilleur exemple, GDM. La preuve que l'alchimie entre un producteur talentueux et intelligent, des auteurs motivés et un diffuseur qui a l'air de suivre, cela peut exister.
Bon, comme rien n'est simple, c'est sur le service public, avec les risques de démantèlements qui se font plus précis de jours en jours…
Je disais qu'il fallait avoir la foi, je le pense de plus en plus. Une foi qui doit s'accompagner d'un combat, de risques à prendre, jusqu'au sacrifice, sans doute, de sa personne.
Après tout, Jésus-Christ n'a pas très bien fini.
En attendant, comme disait ma grand-mère, il faut porter sa croix…

11.6.08

Que dire…

Que dire à propos de notre réunion chez le diffuseur pour parler du séquencier V7 de notre série policière ?

Que dire, quand on doit se justifier sur des éléments d'intrigues ou des rapports entre les personnages que le diffuseur trouve mauvais, et qui vous ont été imposés ?

Que dire, quand on s'aperçoit que la V1 du séquencier aurait beaucoup mieux convenu au diffuseur et qu'on aurait gagné 2 mois de travail inutile ?

Que dire, quand on accuse vos personnages d'être des saints et de tirer vers du "Joséphine", quand vous avez tout fait pour éviter ça ?

Que dire ??

Ah oui si, je sais: j'ai besoin d'argent.

6.6.08

Manger son chapeau

Hier, après une journée encore consacrée aux CD de GDM en atelier, nous étions invités au pot de début de tournage de P Seize sur le lieu des décors.
Mon petit Tom aussi était de la partie, et c'était amusant de le voir courir dans les décors d'une série dont son papa était, en partie, l'initiateur. Je doute qu'il se souvienne de ce moment dans quelques années, mais je ne peux m'empêcher de me demander si ça influencera ses envies d'un métier ou d'un autre. S'il devient scénariste ou pire, comédien, je l'aurai bien cherché.
Ce qui était amusant aussi, c'était de voir rassemblé le gratin de la chaîne, de la production, les comédiens, tout ce petit monde gravitant autour de ce projet, et surtout, ceux qui s'étaient faits éjecter (quelques scénaristes, dont nous ;) ) et le réalisateur du pilote que nous avions écrit. Un réalisateur qui nous disait qu'il avait été repêché et qu'on allait lui donner la possibilité de réaliser un épisode; pour voir si ça collait. À la suite de quoi, il aurait peut-être la permission d'en faire d'autres…
Comme quoi, quand on croit que c'est fini, c'est pas toujours fini. Et il vaut mieux avoir un solide sens de l'humour pour faire ce métier, avec un ego pliable, pour le faire rentrer dans sa poche.
Parce que si on commence à considérer tout ça avec gravité, on risque d'en perdre le sommeil et l'appétit. Surtout à force d'avaler son chapeau…

3.6.08

Courage…

Réunion téléphonique hier, avec le producteur de GDM et la conseillère des programmes de France 2 qui s'occupe de la série.
Curieuse impression. Celle qu'on tient d'une part une très bonne série jeunesse, qui enthousiasme visiblement France 2 et qui correspond à ce qu'ils ont envie de mettre à l'antenne aujourd'hui (Cf. CCC qui ne sera pas diffusé chez eux mais sur France 4, comme pour s'en débarrasser avec un peu de honte). Et en même temps, cette p… d"histoire de suppression de pub qui leur ôte toute visibilité, et les fait sombrer dans un discours entre fatalisme et catastrophisme…
Alors oui, il en faut du courage pour continuer à y croire, jouer les équilibristes sur une corde bien raide, sans aucune idée de la profondeur du gouffre.
Si un jour Tom me dit:"Papa, je veux être scénariste", je crois qu'on aura une discussion sérieuse entre hommes.
Remarque, avec un peu de chance, je serai déjà gâteux…

2.6.08

Reprise

Après un week-end plein de soleil, de girafes, de rhinocéros et autres babouins (non non, j'ai rien pris d'illicite), il faut reprendre le travail. Une semaine placée sous le signe de GDM, avec des continuités dialoguées à écrire, et d'autres à lire et annoter en prévision d'une réunion avec le groupe d'auteurs jeudi et vendredi.
Faire le point aussi avec France 2 sur un synopsis, et puis surveiller la santé de mon compère, attaqué par des brins d'herbe (rien d'illicite là non plus).

Et puis entre tout ça, trouver le temps quand même de suivre un peu Roland-Garros, mon petit plaisir à moi depuis longtemps maintenant, depuis très exactement les exploits d'un nommé Borg.
Ah… nostalgie…

29.5.08

Ouf !

Une bonne nouvelle, à l'intérieur d'une journée consacrée à du lissage GDMien: la fameuse V6 de notre séquencier va enfin partir à la chaîne !

Allez, on croise les doigts.
C'est que j'ai hâte de faire 12 versions de la continuité dialoguée…

28.5.08

Paris by rain

Journée humide hier. Deux rendez-vous dans Paris avec des producteurs, à faire des allers-retours sous la pluie. Avec Cedric, on aurait dit Pipo et Mario sous un parapluie trop petit…
Et puis aussi, travail sur la V6 de la série policière.
Et là, c'est plus de l'humidité que j'ai ressentie, c'est carrément que ça prend l'eau de partout.
Une V6 d'un séquencier, ça veut dire que quelque part, quelqu'un ou quelque chose a échoué.
Mauvais départ ? Mauvais casting d'auteurs ? De dir de coll ? Production qui pense comme il y a 15 ans ? Personnages robotiques et sans âme ?
Il y aurait beaucoup à dire sur la difficulté de faire exister cette série. Surtout que la saison 1 ne rencontre pas le succès souhaité. Du coup, la chaîne panique, comme toujours dans ces moments-là. Faut renforcer le polar, renforcer l'humanité des personnages, ajouter un personnage plus vieux, parce que sur la cible des arthritiques la PDM est au-dessous de tout…

Plus j'avance dans ce métier, et plus le mystère s'épaissit. Pourquoi a-t-on tant de mal à faire des bonnes séries en France ? Avec des vrais enjeux, des personnages humains, donc plein de failles, de fêlures, des dialogues qui ne sont pas tartignoles, ni explicatifs, ni lourds…
J'ai un peu l'impression d'être dans un mauvais rêve dont je ne pourrais pas me réveiller. L'un de ceux où l'on essaie de courir pour échapper à des agresseurs, mais où la paralysie vous empêche de bouger le moindre muscle…

Finalement, un bon sceau d'eau dans la tronche, voilà qui réveillerait tout le monde…

21.5.08

Pudeur

Doit vraiment y avoir des gens qu'ont rien à foutre. Je pense à celui ou celle qui, le premier, s'est dit un jour, tiens je m'emmerde, et si je demandais à 6 personnes de dire des choses d'importance sur elles. Et pis après, faudrait qu'elles transmettent le truc à 6 autres personnes qui devront faire pareil et ainsi de suite.
Cool… du coup, on est tous sous la menace, nous blogueurs, d'une nouvelle forme de pollution: le spam bobo.
Mon ami (!) Cedric m'a ainsi contaminé en me mettant dans la funeste liste.
Sauf qu'avec moi, ça ne marche pas. Aucune chance en effet que je vous dise comme ça, tout à trac, 6 choses d'importance sur moi, parce que:

1) J'ai pas le temps.
2) C'est quoi "des choses d'importance" ?
3) Imaginez votre tête si je me mettais à raconter que mon père, à une époque, disait aux gens qu'il rencontrait que j'étais mort.
4) Ça regarde qui, si je considère mon fils comme l'être le plus fascinant du monde ?
5) J'ai bien l'intention de garder pour moi le fait que j'attends la mort avec le plus complet détachement.
6) Je considère d'une impudeur totale le fait de raconter des choses aussi intimes que celles qu'heureusement je ne vous ai pas dites.

Non, vraiment, ne comptez pas sur moi pour me livrer sur commande. D'ailleurs, je ne transmets cette demande à personne. Je romps la chaîne et cette pratique s'arrête donc avec moi. Rien que pour faire chier celui qui le premier s'est dit, tiens je m'emmerde et si je demandais à 6 personnes de dire des choses d'importance sur elles ?
Il est temps d'aller bosser maintenant mon gars !
Non mais…

15.5.08

Bicéphale

Ces deux derniers jours étaient consacrés, pour Cedric et moi, au travail en atelier sur les continuités dialoguées de Graine de Maire, avec le premier groupe d'auteurs. Une expérience que je trouve toujours aussi enrichissante. Rebondir sur les idées des autres, les aider à accoucher des leurs, essayer de faire en sorte que tout le monde pige le ton GDM et puisse s'y trouver comme un poisson dans l'eau.
Pas toujours facile bien sûr, puisque certains ont plus de facilité d'adaptation que d'autres, et que l'expérience peut avoir ses limites.
Pour ce qui est de la direction de collection, puisque mon compère en parle sur son blog, c'est amusant de voir là aussi que la vision qu'on a des choses est toujours très subjective. Car même si effectivement il nous arrive de ne pas être toujours d'accord sur tout, à cause de nos différences de fonctionnement (en gros, instinctif contre réflexif, même si c'est plus subtil que ça) je crois moi que cette différence est justement ce qui fait la richesse et l'efficacité de notre duo. C'est la complémentarité qui nous rend cohérents, et nous permet d'exprimer un jugement qui n'est jamais monolithique, puisqu'il prend en compte la complexité d'une situation, d'un personnage, d'un conflit… Et je ne crois pas que les auteurs, en face, soient décontenancés, par le fait que nous n'ayons pas toujours la même solution pour résoudre le même problème. Car au bout du compte, on cherche ce qu'il y a de mieux pour la série, et tout ça prendra sa place naturellement.
Mais bon, on va pas vous embêter avec nos petites salades, on va en discuter tous les deux tranquillement ;)

Une autre raison pour laquelle je suis si enthousiaste de travailler sur cette série, c'est que ces deux derniers jours a été évoqué pour la première fois le fait que je pourrais intervenir comme réalisateur, quand le moment sera venu.

Bien sur, le tournage est encore loin, et on aura le temps d'en reparler, mais cette idée me plaît de plus en plus, tant je suis attaché à ce projet, à son univers, ses personnages.

En attendant, l'écriture continue…

13.5.08

La version de trop ?

En avançant dans ce métier de scénariste, j'en viens parfois à me poser des questions métaphysiques. Je sais, c'est pas raisonnable, mais c'est comme ça.
Dernière en date: mon interrogation à propos du nombre de versions nécessaires pour qu'un séquencier soit mûr pour devenir une continuité dialoguée. Eh bien oui, moi ça me travaille.
Sur l'une des série, en format 52' sur laquelle nous écrivons, on en est à la version 5 du séquencier. Et j'avoue que je commence un peu à saturer. Parce que quand on vous dit "là, il faut pas mettre "Bidule explique à Machin, mais "Bidule informe Machin", je me dis que ça va peut-être un peu loin.
Car même si l'exigence reste pour moi une valeur sûre et la meilleure assurance qu'à l'arrivée le scénario et le film seront le moins mauvais possible, il n'en reste pas moins qu'en verrouillant un séquencier à la virgule près, je me sens un peu coincé. Je suis un peu comme ces comédiens qui à force de répéter la scène, n'ont plus de jus ni de créativité au moment où ils entendent "moteur". J'ai besoin de réinventer les scènes au moment où je fais parler les personnages, parce que c'est là que se forme véritablement la chair des scènes, là qu'on insuffle la vie à des morts, tel le Dr Frankenstein, qu'on fait l'amour avec les mots (c'est beau, ça hein ?). Le séquencier est un sequelette , et baiser un squelette, moi, ça me dit pas grand chose. Bon bien sûr, ça doit dépendre des auteurs. Je crois que c'est Racine qui disait: "Ma pièce est finie, je n'ai plus qu'à l'écrire".
Alors voilà ce que j'ai envie de dire même si ça doit choquer: de la même façon que le tournage doit se faire contre le scénario, l'écriture d'une continuité dialoguée doit se faire contre le séquencier. Je sais, je sais, c'est gonflé, mais je le dis.
Aaaah, je me sens mieux…

7.5.08

Délivrance

Voilà, l'aventure P16 se termine pour nous. Le ton de nos séquenciers n'était pas tout à fait celui de la série.
Loin d'être amer, je regarde en arrière pour voir le chemin accompli. Ça a quand même été une expérience très enrichissante, à divers points de vue. Personnellement d'abord, puisque cela m'a permis de peaufiner mon écriture, d'endosser pendant un temps des responsabilités sur une grosse série, même si l'environnement de départ n'a pas toujours été ni serein ni professionnel, et c'est un doux euphémisme…
Cela a été également très instructif d'être au coeur du cyclone pour voir comment se fabriquait une série française et pouvoir mieux comprendre le chemin qui reste à parcourir pour que cette industrie qu'est naturellement la fiction télé puisse aussi devenir un art. Pour le dire plus vite, le fossé qui sépare encore les fictions US de nos fictions à nous (à part bien sûr quelques pépites).
Plusieurs constats:
C'est bien de laisser une grande liberté aux auteurs, mais il faut que cela s'accompagne de professionnalisme, à tous les niveaux.
Le discours récurrent des productions qui vous disent "Nous la chaîne, on s'en fout, on fera la série qu'on veut faire" atteint vite ses limites. Notamment quand la chaîne en question n'a pas la même vision de la série et petit à petit, parvient à faire fléchir la balance de son côté. Le pot de fer contre le pot de terre…
La difficulté aussi de maintenir le cap, lorsque personne au départ, pas plus la production que la chaîne ne sait vraiment ce qu'il veut. Sur ce projet, on est quand même parti d'une série 52' à la Newport Beach, pour arriver à un format 22' à la Plus belle la vie…
Je pensais quand même que le ton, voulu depuis le début par la production se rapprocherait plus du politiquement incorrect que du soap pour ménagère, et sur ce point, j'avoue que je suis un peu déçu. Petit à petit, texte après texte, note après note, le "gommage" s'est effectué. En tout cas, ce n'est certainement pas la faute du binôme de dirdecoll qui a récupéré le bébé. Car je ne peux que saluer leurs efforts pour avoir essayé de faire une série gonflée et drôle, mélange subtil d'arches narratives laissant la place à l'émotion et de décalage impertinent. Mais il y a une chose qui s'appelle le principe de réalité et contre lequel décidément, on se heurte toujours…
Je salue aussi l'intelligence de ce couple d'auteurs, talentueux et pour une fois professionnels, et leur ouverture d'esprit qui nous a permis de continuer un temps à travailler sur cette série, avec les personnages que nous avions créés…

Après, restait la difficulté de se glisser dans les traces d'une série qui n'est plus tout à fait la même ni tout fait une autre, avec en tête les fantômes et les souvenirs d'une autre époque.
Bref, fin de l'histoire, et curieusement, en apprenant hier la nouvelle j'ai ressenti un vrai soulagement, comme une délivrance. Cette fois le cordon est vraiment coupé, et l'avenir brille. Parce que Cedric et moi travaillons sur d'autres séries, passionnantes, et sur lesquelles nous savons que nous sommes aimés. Et puis parce que je sais aussi qu'il y aura d'autres projets.
Nous sommes heureux d'écrire et de faire ce métier et ça, personne ne nous l'enlèvera…

1.5.08

À fond

Ça file vite en ce moment, et j'ai l'impression que plein de choses m'échappent. Plus le temps de lire, plus le temps d'aller au cinéma, plus de le temps de me faire un resto avec ma chérie… Des textes à rendre, toujours plus, toujours plus vite. Une course, contre la montre certes, mais contre quoi en réalité ? Non pas que je me plaigne attention. C'est juste une constatation, immédiatement suivie (comme souvent chez moi) d'un tas de questions. On se refait pas.

Ces deux derniers jours, c'était atelier sur les continuités dialoguées de Graine de maire. Instructif. Parce que réfléchir aux textes des autres, essayer de voir ce qui marche ou pas dans leur texte, trouver avec eux des solutions, les orienter, trancher, c'est fabuleusement enrichissant. On apprend à écrire en écrivant (et aussi avec les bouquins, rassurez-vous j'y crois toujours aussi), mais on apprend aussi beaucoup en aidant les autres à trouver le chemin de leur écriture.

Et ça pour moi, ben c'est nouveau…

22.4.08

Métier inconnu

Hier soir, Cedric et moi étions invités à la projection des épisodes 3 et 4 de Adresse Inconnue, en présence de l'équipe et des comédiens. Ah les comédiens… Aussi longtemps que je me souvienne, les comédiens m'ont toujours fasciné. En tant que spectateur d'abord, puis quelques années plus tard en tant que réalisateur. Diriger des comédiens, voilà bien le plaisir ultime…
C'est donc avec beaucoup de bonheur que j'ai pu parler aux comédiens de la série. Du fait que nous écrivons pour la saison 2, nous avions toute leur écoute. "Et mon personnage, est-ce qu'il va devenir un peu plus fouillé ? Et le mien, est-ce qu'il pourra sortir un peu du bureau pour aller sur le terrain ?"… Autant d'interrogations, rejointes par d'autres, qui montre l'immense appétit dans ce pays pour des séries de qualité, avec des vrais scénarios, des vrais personnages, des vraies sentiments et émotions à défendre. Car même si Adresse Inconnue a des qualités, il est vrai que le niveau d'exigence pourrait être encore poussé. Qu'attend-on, et de quoi a-t-on peur ? Mystère… La production a sans doute peur de décevoir la chaîne, France 3 en l'occurrence, la chaîne peur de décevoir ses spectateurs, dont elle se fait une idée bien précise…
Mais vu l'envie générale, exprimée en première ligne par les comédiens hier soir, cela devrait petit à petit évoluer.
Ceux qui doivent encore faire des efforts, manifestement, ce sont les réalisateurs. Hier, ce sont eux (il y en avait deux), qui ont été invités par la productrice à venir sur le devant de la scène pour faire un petit speech. Comme s'ils étaient les maîtres d'oeuvre de la série, les responsables de ce qu'on voyait à l'écran… L'un d'eux a remercié les comédiens, en rajoutant "heureusement qu'ils sont là !" Merci pour les auteurs…
Quand donnera-t-on aux scénaristes la place qui est la leur ? Quand cessera-t-on de les considérer comme des petites mains corvéables à merci, travailleurs invisibles et muets ? Bon, en même temps, il est vrai qu'aucun des scénaristes de la saison 1 n'était présent dans la salle hier soir (ni de la saison 2 d'ailleurs, à part nous). Ben oui les gars, mais bon, après, faut pas s'étonner…

18.4.08

Des amis en 2mn chrono

Quand je me suis inscrit sur Facebook, j'avoue que c'était un peu pour faire comme tout le monde, ce dont je ne suis pas très fier, parce que bon…

Mais ce matin, je reçois un message d'une inconnue qui me dit qu'elle veut être mon amie. Pourquoi pas, me dis-je dans ma tête. Et voilà que le dialogue s'engage. Cette inconnue m'a en fait contacté par l'intermédiaire d'un ami d'ami que nous avons en commun (toujours sur Facebook), le talentueux Marc Verwaerde de Chapter 9, pour ne pas le citer. Bref, elle me dit qu'elle s'occupe d'un projet pop soul, A GUY IN LIGHT, et que cela risque de me plaire. J'ai écouté, et effectivement, c'est pas mal du tout. D'ailleurs je vous engage à allez y jeter une oreille.
Du coup, je lui ai dit que j'étais scénariste, on sait jamais ;)

Et voilà comment on se retrouve "ami" avec des personnes dont vous ne soupçonniez pas l'existence deux minutes auparavant, et qui sont porteurs de projets intéressants, d'énergie et de sympathie.

Décidément, ça me plaît de plus en plus la vie virtuelle… ;)

17.4.08

Un journée particulière ?

Journée de beau temps hier. Le matin, coup de fil du dirdecoll de Adresse inconnue. La productrice nous aime bien, et mieux encore, elle aime bien le pitch qu'on lui avait proposé pour un éventuel deuxième épisode.
En même temps qu'on peaufine le séquencier du premier, on va donc tranquillement réfléchir au développement de ce nouvel épisode. Dès fois, ça paraît simple quand ça se passe comme ça.
Ensuite, déjeuner à MakingProd avec notre producteur préféré, pour lui pitcher des projets persos cette fois. Comédies, polars décalés, thriller… il a tout écouté avec attention et souhaite en avoir plus à lire. Là encore, c'est cool.
Puis, dans l'après-midi, un rendez-vous téléphonique avec la conseillère des programmes jeunesse de France 2 qui s'occupe de Graine de maire. Et là encore, beaucoup de positif, elle aime (presque) tous les synopsis de la nouvelle session. Il faut juste retravailler certains points, préciser des choses, et, pour un épisode, repartir sur de nouvelles bases, vu qu'elle n'a pas accroché au parti pris adopté, qui en faisait un épisode un peu spécial. On va donc faire un peu plus classique.
Pour finir la journée en beauté, petite visite à la SACD pour déposer notre première feuille bleue/blanche et nos contrats de C comme ç@, la série qui nous a permis de débuter (petit bonjour au passage à Elie-G, son dirdecoll, et bon rétablissement). En poussant les portes de ce temple de la dramaturgie, on était émus comme des collégiens à leur première boum, et je m'attendais à ce que tout le monde nous souhaite la bienvenue, avec chanson à l'appui reprise en choeur par le personnel, champagne, petit fours et, pourquoi pas, bizutage. À poil les bleus, on va leur passer la bite au cirage !
Bon, finalement, ça a été beaucoup plus sage. Et rapide. Bonjour madame… vous avez tout ? Oui, voilà. Merci, au revoir.

Un journée très simple, je vous dis, comme finalement on en rêve quand on est scénariste. Oui oui, c'est possible !

16.4.08

Traduction: ça paye pas

Ceux qui lisent ce blog depuis le début s'en souviennent sûrement. Il y a deux ans je faisais la traduction d'un livre pour le compte des Editions Dixit: La Psychologie des personnages.
Je viens de recevoir la facture de Droits d'Auteur 2007:
Nombre d'exemplaires vendus depuis sa sortie: 1055
C'est pas si mal, pour un bouquin censé intéressé une petite niche.
Mais ça se corse à la dernière ligne:
Net à payer : 0,00

En clair, l'à valoir que j'ai touché pour ma traduction (et qui n'était pas bien lourd) n'a pas encore été couvert par les ventes. Deux ans après.
Alors déjà, scénariste, c'est pas toujours facile pour gagner sa vie, mais comment ils font les traducteurs… ?

14.4.08

Retour sur L.A.

Pas trop de temps en cette fin de semaine dernière pour venir me raconter ici. Ça bosse qu'est-ce que vous voulez. Un nouveau séquencier à écrire pour P16, la lecture des remarques que m'envoyait dans le même temps Cedric à propos des textes de nos chers auteurs sur GDM, un rendez-vous avec la productrice d'Adresse inconnue
Résultat, je n'ai pas eu le temps de vous raconter la soirée chez mon agent jeudi soir. Bon en même temps, y'a pas grand chose à raconter. Juste le plaisir d'avoir bu du vin et converser en bonne compagnie, celle d'auteurs que je commence à connaître un peu mieux (de P16 et GDM, pour ne pas changer), et de quelques producteurs, présents et à venir dans notre carrière (enfin j'espère). Cedric était beau comme un Transporteur (après quand même, une séance d'habillage sur le quai du métro pour enfiler sa cravate, un grand moment). Aurélie était radieuse, comme une Kate sur la proue du Titanic, quant à Dulle, elle était tout simplement magnifique, telle Jacqueline Bisset dans La nuit américaine
Voilà, donc on a bu, un peu, mangé, très peu et entr'aperçu Lise, mais c'était bien.

Lise qu'on a revue ce matin d'ailleurs, pour notre rendez-vous mensuel. Ça oscille régulièrement entre déprime et positivité. Ce matin c'était la première option, et on a essayé comme on a pu de lui remonter le moral. Surtout qu'elle nous a confessé que vendredi, le lendemain de sa fête donc, elle était un peu malade…

Non, vraiment, le paysage de la fiction TV française est en train de changer, si même Lise ne tient plus le coup à ses propres soirées…

10.4.08

Journée portes ouvertes

Bon, c'est vrai, le commentaire de Dulle sur mon dernier post m'a trotté dans la tête ces dernières heures. Car il met le doigt sur une problématique à laquelle je n'ai jamais vraiment pu répondre. Dois-je suivre ma pente naturelle qui est celle de la dérision, du second degré, de la blague facile et pas chère, et cela en toute circonstance, ou bien puis-je me permettre, parfois, de me laisser aller à un premier degré pour parler de sujets plus graves, et pour lesquels l'emploi d'un ton caustique pourrait amoindrir la portée de mon propos ?
J'avais une vieille tante qui s'écriait "Pas les mots ! Pas les mots !" dès qu'on appelait un chat un chat. Et j'entends, souvent, dans des émissions/confessions, des témoins regretter de ne pas avoir dit simplement "je t'aime" à leur conjoint, leur enfant, leur parent, tant qu'il était encore temps, tant qu'ils étaient encore là. Et de déplorer le fait qu'on croit parfois pourvoir s'abstenir de dire des choses simples, avec des mots simples, sous prétexte que c'est évident pour l'autre, qu'il le sait déjà, forcément, et que livrer sa pensée sans distance, en toute sincérité, ce serait enfoncer des portes ouvertes, et donc une nécessaire perte de temps et de salive…
Je pense, quand même, et tant pis, que les évidences sont parfois bonnes à dire, surtout en démocratie, où les portes ne sont ouvertes que tant qu'on les tient fermement écartées. À force de croire que la liberté de parole va de soi, que la démocratie est inscrite dans nos gènes sans qu'il y ait d'efforts à faire pour la nourrir et la consolider, on risquerait bien un jour quelques revers. Je sais pas moi, imaginez un Le Pen au deuxième tour d'une élection présidentielle. Brrr ! Heureusement, c'est pas demain la veille…
Bref pour clore ce petit laïus, je voulais décréter cette journée, "journée portes ouvertes" pour vous tous qui lisez ce blog. Allez, lâchez-vous, prenez le risque d'être ridicule, et de dire au ras des pâquerettes ce que vous pensez des grands problèmes du monde, ou de vous dire que vous vous aimez les uns les autres. Tant qu'il est encore temps, tant que les mots, même s'ils sont d'une incroyable impudeur ou d'une affreuse inutilité, peuvent encore être simplement prononcés.
En toute liberté.

8.4.08

Le feu sacré

Drôle d'impression hier, en regardant les images de cette flamme olympique éteinte puis rallumée puis rééteinte, et de tous ces gens autour qui foutaient le bordel.
Drôle d'impression surtout en entendant les commentaires. "La fête est gâchée".
C'est vrai ça, si on peut plus faire la fête tranquillement, pendant que vos voisins se font torturer dans l'appartement d'à côté…
Mais au-delà de la réflexion qu'on peut se faire en tant que "simple" habitant de cette terre, tout cela m'amène à m'interroger en tant que scénariste. C'est-à-dire celui qui invente des histoires pour témoigner du monde tel qu'il est ou plutôt tel qu'il devrait ou ne devrait pas être. Car la question de savoir si l'on peut mélanger sport et politique, rejoint celle de savoir ce qu'on peut au juste mélanger dans nos histoires: politique et dénonciation ? Cruauté et poésie ? Désillusion et espoir ?
Pour faire bref, moi je ne vois pas comment on peut éviter de mélanger les choses. L'humanité n'est pas "une", et l'être humain sûrement pas non plus. Alors notre boulot à nous auteurs, modestement, est-ce que ça ne devrait pas être de rendre compte de la vie dans toute sa diversité, sa tragique, cruelle, magnifique, irritante, insupportable, extravagante et merveilleuse diversité ?
Et est-ce que ce que nous montrent la plupart du temps les télévisions n'est pas un terrible raccourci, une infamante censure de ce qu'est la réalité du monde et de ceux qui y vivent ? Une télé pour les enfants ?
Alors bien sûr, ne soyons pas naïf, c'est pas gagné, tout simplement à cause des enjeux comme disent les journalistes. Du fric, comme dit ma concierge. Sponsor des jeux olympiques qui sont bien contents à l'idée de s'implanter dans un pays auquel ils n'ont pas encore accès. Annonceurs à la télévision qui veulent surtout vendre leurs came sans effrayer la ménagère.

Oui, il faut vraiment avoir le feu sacré pour croire encore qu'en faisant notre métier, on pourra faire avancer les choses dans le sens de plus d'humanité, de prise de conscience, et de respect de tous les droits, y compris, pourquoi pas, ceux de l'homme (bon et de la femme hein bien sûr).