25.9.05

Sublime, tout simplement

La vie parfois n'est pas simple.

Hier soir, j'étais invité avec ma compagne à une petite soirée entre amis. Une de ces soirées ni tout à fait parisienne, ni tout à fait bélassienne, puisqu'elle se déroulait dans la banlieue lointaine de Paris, pas assez loin pour s'appeler la province, mais pas assez proche non plus pour sentir la pollution.

Toujours est-il que ce fut une excellente soirée, nourrie des jeux de mots habituels, de bon vin et d'une délicieuse palette à la diable (et non palette du diable, comme certains tendent parfois à le croire).

Une soirée qui démarra toutefois assez tard, puisque mon compère Cédric et sa compagne arrivèrent avec plus de deux heures de retard, constatant non sans amertume qu'à cette heure tardive, on ne servait plus l'apéro.
Le visage encore marqué de Cédric témoignait du violent échange qu'il avait dû avoir avec son amie dans la voiture, tous deux s'étant égarés du côté de Versailles sur les mauvais conseils de Mappy (enfin c'est l'explication qu'ils ont avancée).

Finalement, après deux ou trois blagues salaces dont seul Julien (lui aussi présent avec sa compagne) a le secret, l'atmosphère se réchauffa.
Un excellent repas, la gentillesse de nos hôtes, une jolie maison dans laquelle il fait bon festoyer, il y avait tous les ingrédients pour passer une merveilleuse soirée.
À l'issue du repas, je pensais que Julien allait proposer un concours de pets, mais finalement nous nous décidâmes pour un Trivial Pursuit années 80. Des années au cours desquelles j'étais déjà pleinement engagé dans la vie active, pendant que mes amis d'un soir en étaient encore à percer leurs premiers boutons d'acné devant la glace de la salle de bain.
Bref, je les laissai faire une démonstration de leur impressionnante culture, de Dynastie à Alain Prost, avec la satisfaction de les voir enfin gagner une partie de quelque chose.

Mais pourquoi la vie n'est-elle pas si simple, me direz-vous ?
Eh bien parce qu'au même moment, sur TF1, Nolwenn Leroy était en train de faire une époustouflante prestation dans l'émission "Les Fans et les chansons d'abord", ayant pour l'occasion emprunté les traits et la gestuelle de Meuriah Caeurey (Mariah Carey quoi) et que je n'étais pas devant ma télé pour voir ça. (ici)
Heureusement, il y a internet, et j'ai pu me faire une séance de rattrapage en rentrant.
Il a suffit qu'elle paraisse, dans le scintillement de mon écran d'ordinateur, que sa voix emplisse la pièce pour qu'aussitôt le sol se dérobe sous mes pieds, que l'ivresse que n'avait pu me procurer tout l'alcool ingurgité dans la soirée m'emporte vers les rives du Sublime.
Oublié le visage défait de Cédric à son arrivée, oubliés les efforts pour sourire aux blagues usées de Julien, oublié même (et c'est impardonnable je sais), le sourire de Patricia et Olivier qui avaient mis les petits plats dans les grands pour nous recevoir.
Nolwenn était là, et même si elle s'était cachée sous les traits de Meuriah Caeurey (Mariah Carey quoi), sa voix puissante et sensible, le charme de sa grâce (ou inversement) m'emportaient dans une puissante extase. Elle chantait pour moi seul comme au premier matin du monde. Elle me tendait la main, plongeait ses yeux dans les miens, semblant me dire: viens, finies les soirées à moitié provinciales, les blagues à base de jeune mariée, les jeux de société défraîchis, désormais ce sera toi et moi, unis pour l'éternité dans la douceur de ma voix, la profondeur de mon regard, la soie de ma peau...

C'est à ce moment que ma compagne a fait irruption dans la chambre, m'ordonnant d'aller me laver les dents.

Non, parfois la vie n'est vraiment pas simple...

21.9.05

Déjà-vu

Oui je sais, cette dernière semaine, j'ai été assez silencieux et j'en ai inquiété plus d'un(e). Mais je vous rassur...

... pardon ?... du plagiat...? quelqu'un a déjà raconté ça ?... qu'est-ce que j'en sais moi ?

Bon, alors je vais vous parler de "Marina", mon 3ème scénario de long métr...
Hein ? Ça aussi il l'a dit ???

Alors vendredi prochain, si le temps se maintient, j'ai un tournage de prévu avec Julien Eger et... Quoi ?... Ne me dites pas que...

Bon ben qu'est-ce qu'il me reste si quelqu'un s'amuse à raconter ma vie avant que je ne le fasse...!

Bon alors... aujourd'hui, il a fait beau. Un peu frais ce matin, mais en même temps, l'été est fini, hein...

Voilà.

17.9.05

Écran noir

Je ne sais même plus à quoi ressemble une salle de cinéma.

Entre la traduction de mon bouquin (en verrai-je un jour le bout ?),
l'aménagement de l'appartement pour accueillir Tom, les petits boulots
alimentaires parce qu'il faut bien nourrir mon banquier et la lecture
régulière de blogs plus ou moins intéressants, il ne me reste plus un
instant pour aller voir des films sur grand écran, là où ils doivent être
vus.

Et un réalisateur qui ne va plus voir de films, c'est un peu comme un
plombier qui ne se laverait plus, un cordonnier qui marcherait pieds-nus ou un électricien qui ne serait au courant de rien.

Bref, je me sens mal. Alors soyez sympas, si vous avez vu The Island,
Charlie et la chocolaterie ou Bonbon le chien, faites-moi un peu rêver...

Ne me racontez surtout pas le film, mais décrivez-moi la salle...

Merci.

11.9.05

Clé en main

En ce moment, Ikéa est mon ami.
Il faut dire que l'arrivée d'un petit bonhomme dans la famille, ça chamboule tout.
La chambre devient le bureau, le bureau devient la chambre et le salon devient... un joyeux bordel !
Bref, le concept Ikea est une des rares preuves de l'existence de Dieu tant il est simple, pratique et il faut bien le dire, à la portée de ma bourse.
Le plus magique dans l'histoire, c'est cette petite clé fournie avec chaque meuble à monter soi-même. Autrement dit, à l'aide d'un outil tellement sommaire que le premier hominidé venu aurait pu l'inventer, on érige en un temps record des cathédrales de bois stratifié. Un vrai tour de force.

Et je me prends à rêver de l'existence d'un tel magasin pour les scénaristes.
On déambulerait dans les allées en poussant un caddie, à la recherche d'une bonne histoire.
Entre le rayon "Romance qui finit bien", "Thriller psychologique" ou "Comédie musicale", on n'aurait que l'embarras du choix.
Il suffirait de passer à la caisse avec le paquet contenant tous les ingrédients du parfait scénario: un thème fort, une dramaturgie sans faille, des personnages attachants, une poignée de rebondissements, et la petite touche d'émotion vraie pour couronner le tout.

De retour chez soi, il n'y aurait plus qu'à déballer tout ça puis, à l'aide du mode d'emploi rédigé en plusieurs langues, d'emboîter facilement les différents éléments les uns dans les autres. Pour se retrouver quelques minutes plus tard avec une belle histoire prête à affronter le regard des producteurs. Un scénario en béton. Clé en main.

Et puis, pendant que j'assemblais mes panneaux de particules, à genoux sur la moquette, je me suis rendu à l'évidence. Et l'ego dans tout ça ? Comment satisfaire ce fameux ego de l'auteur en ayant recours à un procédé si peu glorieux...?
Pourquoi se priver de la fierté d'avoir pondu une histoire originale ? Pourquoi prendre le risque de fuir son propre regard dans le miroir de la salle de bain ?

Non, décidément, rien ne remplacera la sueur, les efforts, la torture de l'idée qui vient et qui s'en va, les feuilles de papier qu'on froisse rageusement avant de les lancer dans la corbeille...
À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire comme disait l'autre. Et il avait bougrement raison.

Quel plaisir au contraire d'être un auteur, un vrai, celui qui invente, qui se bat et qui triomphe. Celui qui gagne sa place à la cérémonie des Césars, devant lequel le Tout-Paris s'incline parce qu'il reconnaît l'importance de son rôle dans l'alchimie complexe du cinéma.

Un rôle-clé, en quelque sorte.

10.9.05

L'amitié dangereuse

Je vous parlais précédemment de ce garçon que j'ai recueilli et qui, après avoir largement profité de mes connaissances scénaristiques et de ma PS2, clamait désormais à qui veut l'entendre qu'il est capable de réécrire la Bible en 24 heures, et en mieux.
Et bien voilà qu'il me reproche à présent d'avoir posté une photo de lui qui ne le met pas en valeur !

Avant que toute cette affaire ne tourne à un remake de "Liaison fatale", je m'empresse de republier une photo dans laquelle, je l'espère, il se reconnaîtra enfin...


Comme si j'avais que ça à faire...

8.9.05

La pitié dangereuse

Lorsque ce type m'a supplié d'écrire avec lui, il était dans une mauvaise passe. Il venait de lâcher un boulot de fonctionnaire pour se consacrer à l'écriture scénaristique, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il était pas loin de se jeter d'un pont.

Bon coeur comme je suis, j'ai eu pitié de lui et j'ai dit oui.

Il a levé vers moi un regard plein de gratitude, ce genre de regard qu'ont les chiens quand vous avez prononcé le mot "promener".
Alors il est venu chez moi , et je lui ai offert un café. Il a tout de suite repéré la PS2, mais j'ai eu peur qu'il me la pique, alors je lui ai dit: "bon si on s'y mettait à ce scénario ?"
Il a remué la queue (il fait toujours ça, ça doit être un tic), et on s'est mis à lancer des idées en l'air. Peu à peu, on a construit un séquencier, puis une continuité dialoguée (ça lui fait plaisir de penser que c'est lui qui l'a écrite, alors si vous le croisez, soyez sympa de pas le contredire).

Le titre ? Pornoland. Ça, c'est vraiment lui qui l'a trouvé.

Peu à peu, une confiance s'est établie, il est revenu plusieurs fois (j'avais peur qu'il reste coucher), je lui ai permis de toucher à la PS2. Je l'ai même laissé gagner quelques parties de GT3 ou de WRC4, histoire de renforcer son estime de soi.

Et qu'est-ce que j'apprends aujourd'hui? Que monsieur fait le cador sur son blog (Chronique d'un scenariste en devenir), qu'il fait croire à tout le monde que je lui dois tout, et que dans le duo que nous formons, il est la pierre angulaire.
Bafouant le plus élémentaire respect pour des gens aussi importants que Francis Weber ou Yves Lavandier, il y tourne en dérision tous les principes de la dramaturgie que je lui ai patiemment inculqués.
Il jette au feu tous les précieux manuels qui ont aidé à bâtir les chef-d'oeuvres du cinéma mondial. Il piétine la mémoire de Sir Alfred Hitchcock pour mieux se livrer à l'hérétique adoration d'un clone de cinéaste en la personne de Michael Bay...

Tout cela est bien navrant me direz-vous. Je sais. Mais ce qui est plus triste encore, c'est que je ne peux plus me passer de lui. Il est pour moi ce que la cigarette est au fumeur cancéreux, un mal nécessaire.
Je me surprends même parfois à me dire qu'il est mon ami. Quand j'ai une idée de scénario, je pense tout de suite à la façon dont il pourrait rebondir dessus. Quand j'imagine un bon jeu de mots, c'est à lui que j'en réserve la primeur. Quand il vient à la maison, le café est déjà prêt, avec les nounours en chocolat à côté...

Alors je mets en garde les jeunes âmes qui liraient ce blog: si vous croisez un jour quelqu'un dont les yeux vous implorent jusqu'à vous émouvoir, fuyez.
Fuyez à toutes jambes, car oui, vraiment, la pitié peut être dangereuse.

7.9.05

Réfléchissez

Si vous ne le saviez pas déjà, (je pense notamment à mes lecteurs du Japon ou de la Nouvelle-Guinée, salut amical à eux), si vous ne le saviez pas déjà, disais-je (ça ne concerne pas bien sûr ceux à qui je l'ai déjà dit), donc si vous ne le saviez pas déjà (comment ça y'a des répétitions ? Mais je fais ce que je veux ! C'est mon blog oui ou non ?)

Bref, je suis en train de faire la traduction d'un livre.
Quelle idée j'ai eue là !!

Au gré de mes pérégrinations à travers le Web (je laisse à Jule le temps d'ouvrir son dictionnaire. C'est bon ? On t'attend mon gars !) j'ai repéré sur un site américain un bouquin traitant de la psychologie des personnages. Une sorte de manuel à l'usage des apprentis scénaristes (ferme la bouche Cédric), pour leur apprendre à créer des personnages authentiques.

Génial je me dis ! Ni une ni deux, je décroche mon téléphone, enfin je l'enlève de son bloc, la base là, où on le recharge, et j'appelle les Éditions Dixit, célèbres pour leur impressionnant catalogue d'ouvrages sur le cinéma et l'audiovisuel en général.

Et là, bingo, ils me disent que ça les intéresse. Oui, vous avez bien entendu, ils sont d'accord pour que je le traduise et pour le publier!
Je raccroche mon téléphone, enfin il tombe par terre, je le ramasse et je le repose sur son truc là, et je saute en l'air de joie.
Pour me figer d'un seul coup. Je viens de réaliser: je ne suis pas traducteur!

Bon, la première angoisse passée, je me dis que maintenant on est au pied du mur (aux pieds ? ça a combien de pieds un mur ??) et qu'il va falloir trouver une solution.
Donc, j'ai trouvé une solution.
Voilà, c'est une belle histoire, non ?

Ça, c'était l'année dernière. Maintenant, il faut que je rende ma copie pour le 15 septembre. C'est-à-dire dans une semaine.
Et il me reste le quart du bouquin à faire...

Comme quoi, un conseil, avant de vous emballer pour des trucs comme ça, réfléchissez un peu, hein!!

6.9.05

Virtuel

Bon ça fait cogiter dites-donc un blog.
Avant j'étais tranquille, je faisais mes petites journées comme ça, dans l'insouciance de mes 20 ans (oui bon, fois 2, ça va!) et maintenant je me mets à penser.
Et à quoi je pense ? Ben en ce moment, surtout à lui.

Pour l'instant, il est gros comme mon poing, grand comme une promesse.
Il gigote dans le ventre de sa mère, l'empêche de bien dormir et lui donne des envies de cookies bio au chocolat.
Pourtant... pourtant nous ne sommes toujours que deux, elle et moi. Il n'y a que deux assiettes sur la table, deux brosses à dents dans le verre, quatre chaussons au bas du lit.
Tom va venir, Tom sera là, mais pour l'instant Tom est virtuel. Une image sur un écran, une représentation de bébé, la manifestation d'une vie sans sa présence réelle. Bizarre.

Et moi, pendant ce temps, j'écris des scénarios, je réfléchis à des histoires, à des films, j'imagine des personnages. Mais rien n'est encore abouti, rien n'est signé comme l'on dit. Ce ne sont que des idées de films, des idées d'histoires. Je suis un auteur en devenir, un réalisateur potentiel. Virtuel.

Et je me demande si ces histoires, Tom pourra les lire un jour, les voir sur grand écran, si sa réalité rencontrera leur réalité.

S'il pourra lire, aussi, ces quelques mots, ce journal dans ma tête, ces doutes exposés.
Peut-être que, quand il sera en âge de les lire, ces pages auront disparu, avalées dans l'immensité du Web, oubliées dans les limbes de la bande passante. Virtuelles....

5.9.05

Moins cher qu'un psy


Mon camarade Cédric me dit: "Tu sais quoi ? J'ai créé mon blog!" Non, que je fais, c'est vrai ?" "Mais oui, j'y parle de tout et n'importe quoi, de ce qu'il m'arrive, de mes projets, de mes doutes, je parle de toi aussi..."
C'est surtout cette dernière phrase qui m'a incité à aller y jeter un coup d'oeil.

Et en lisant, l'évidence m'a sauté aux yeux. Bon sang mais c'est bien sûr! Plutôt que de se faire suer à aller voir un psy, pourquoi ne pas plutôt raconter son petit bordel intime sur la toile. C'est moins cher, pas besoin de se déplacer, on peut rater une séance sans culpabiliser ni débourser, bref la Toile géante au service de ma santé mentale...
Allez, je suis convaincu, je déclare la cérémonie ouverte.

La bonne nouvelle pour vous, c'est que vous n'avez même pas besoin de vous forcer à faire des commentaires drôles, pertinents ou chiants.

Un petit raclement de gorge de temps en temps, un hochement de tête, ça me suffira.

C'est parti.

Aaaah, je me sens déjà mieux...