29.5.08

Ouf !

Une bonne nouvelle, à l'intérieur d'une journée consacrée à du lissage GDMien: la fameuse V6 de notre séquencier va enfin partir à la chaîne !

Allez, on croise les doigts.
C'est que j'ai hâte de faire 12 versions de la continuité dialoguée…

28.5.08

Paris by rain

Journée humide hier. Deux rendez-vous dans Paris avec des producteurs, à faire des allers-retours sous la pluie. Avec Cedric, on aurait dit Pipo et Mario sous un parapluie trop petit…
Et puis aussi, travail sur la V6 de la série policière.
Et là, c'est plus de l'humidité que j'ai ressentie, c'est carrément que ça prend l'eau de partout.
Une V6 d'un séquencier, ça veut dire que quelque part, quelqu'un ou quelque chose a échoué.
Mauvais départ ? Mauvais casting d'auteurs ? De dir de coll ? Production qui pense comme il y a 15 ans ? Personnages robotiques et sans âme ?
Il y aurait beaucoup à dire sur la difficulté de faire exister cette série. Surtout que la saison 1 ne rencontre pas le succès souhaité. Du coup, la chaîne panique, comme toujours dans ces moments-là. Faut renforcer le polar, renforcer l'humanité des personnages, ajouter un personnage plus vieux, parce que sur la cible des arthritiques la PDM est au-dessous de tout…

Plus j'avance dans ce métier, et plus le mystère s'épaissit. Pourquoi a-t-on tant de mal à faire des bonnes séries en France ? Avec des vrais enjeux, des personnages humains, donc plein de failles, de fêlures, des dialogues qui ne sont pas tartignoles, ni explicatifs, ni lourds…
J'ai un peu l'impression d'être dans un mauvais rêve dont je ne pourrais pas me réveiller. L'un de ceux où l'on essaie de courir pour échapper à des agresseurs, mais où la paralysie vous empêche de bouger le moindre muscle…

Finalement, un bon sceau d'eau dans la tronche, voilà qui réveillerait tout le monde…

21.5.08

Pudeur

Doit vraiment y avoir des gens qu'ont rien à foutre. Je pense à celui ou celle qui, le premier, s'est dit un jour, tiens je m'emmerde, et si je demandais à 6 personnes de dire des choses d'importance sur elles. Et pis après, faudrait qu'elles transmettent le truc à 6 autres personnes qui devront faire pareil et ainsi de suite.
Cool… du coup, on est tous sous la menace, nous blogueurs, d'une nouvelle forme de pollution: le spam bobo.
Mon ami (!) Cedric m'a ainsi contaminé en me mettant dans la funeste liste.
Sauf qu'avec moi, ça ne marche pas. Aucune chance en effet que je vous dise comme ça, tout à trac, 6 choses d'importance sur moi, parce que:

1) J'ai pas le temps.
2) C'est quoi "des choses d'importance" ?
3) Imaginez votre tête si je me mettais à raconter que mon père, à une époque, disait aux gens qu'il rencontrait que j'étais mort.
4) Ça regarde qui, si je considère mon fils comme l'être le plus fascinant du monde ?
5) J'ai bien l'intention de garder pour moi le fait que j'attends la mort avec le plus complet détachement.
6) Je considère d'une impudeur totale le fait de raconter des choses aussi intimes que celles qu'heureusement je ne vous ai pas dites.

Non, vraiment, ne comptez pas sur moi pour me livrer sur commande. D'ailleurs, je ne transmets cette demande à personne. Je romps la chaîne et cette pratique s'arrête donc avec moi. Rien que pour faire chier celui qui le premier s'est dit, tiens je m'emmerde et si je demandais à 6 personnes de dire des choses d'importance sur elles ?
Il est temps d'aller bosser maintenant mon gars !
Non mais…

15.5.08

Bicéphale

Ces deux derniers jours étaient consacrés, pour Cedric et moi, au travail en atelier sur les continuités dialoguées de Graine de Maire, avec le premier groupe d'auteurs. Une expérience que je trouve toujours aussi enrichissante. Rebondir sur les idées des autres, les aider à accoucher des leurs, essayer de faire en sorte que tout le monde pige le ton GDM et puisse s'y trouver comme un poisson dans l'eau.
Pas toujours facile bien sûr, puisque certains ont plus de facilité d'adaptation que d'autres, et que l'expérience peut avoir ses limites.
Pour ce qui est de la direction de collection, puisque mon compère en parle sur son blog, c'est amusant de voir là aussi que la vision qu'on a des choses est toujours très subjective. Car même si effectivement il nous arrive de ne pas être toujours d'accord sur tout, à cause de nos différences de fonctionnement (en gros, instinctif contre réflexif, même si c'est plus subtil que ça) je crois moi que cette différence est justement ce qui fait la richesse et l'efficacité de notre duo. C'est la complémentarité qui nous rend cohérents, et nous permet d'exprimer un jugement qui n'est jamais monolithique, puisqu'il prend en compte la complexité d'une situation, d'un personnage, d'un conflit… Et je ne crois pas que les auteurs, en face, soient décontenancés, par le fait que nous n'ayons pas toujours la même solution pour résoudre le même problème. Car au bout du compte, on cherche ce qu'il y a de mieux pour la série, et tout ça prendra sa place naturellement.
Mais bon, on va pas vous embêter avec nos petites salades, on va en discuter tous les deux tranquillement ;)

Une autre raison pour laquelle je suis si enthousiaste de travailler sur cette série, c'est que ces deux derniers jours a été évoqué pour la première fois le fait que je pourrais intervenir comme réalisateur, quand le moment sera venu.

Bien sur, le tournage est encore loin, et on aura le temps d'en reparler, mais cette idée me plaît de plus en plus, tant je suis attaché à ce projet, à son univers, ses personnages.

En attendant, l'écriture continue…

13.5.08

La version de trop ?

En avançant dans ce métier de scénariste, j'en viens parfois à me poser des questions métaphysiques. Je sais, c'est pas raisonnable, mais c'est comme ça.
Dernière en date: mon interrogation à propos du nombre de versions nécessaires pour qu'un séquencier soit mûr pour devenir une continuité dialoguée. Eh bien oui, moi ça me travaille.
Sur l'une des série, en format 52' sur laquelle nous écrivons, on en est à la version 5 du séquencier. Et j'avoue que je commence un peu à saturer. Parce que quand on vous dit "là, il faut pas mettre "Bidule explique à Machin, mais "Bidule informe Machin", je me dis que ça va peut-être un peu loin.
Car même si l'exigence reste pour moi une valeur sûre et la meilleure assurance qu'à l'arrivée le scénario et le film seront le moins mauvais possible, il n'en reste pas moins qu'en verrouillant un séquencier à la virgule près, je me sens un peu coincé. Je suis un peu comme ces comédiens qui à force de répéter la scène, n'ont plus de jus ni de créativité au moment où ils entendent "moteur". J'ai besoin de réinventer les scènes au moment où je fais parler les personnages, parce que c'est là que se forme véritablement la chair des scènes, là qu'on insuffle la vie à des morts, tel le Dr Frankenstein, qu'on fait l'amour avec les mots (c'est beau, ça hein ?). Le séquencier est un sequelette , et baiser un squelette, moi, ça me dit pas grand chose. Bon bien sûr, ça doit dépendre des auteurs. Je crois que c'est Racine qui disait: "Ma pièce est finie, je n'ai plus qu'à l'écrire".
Alors voilà ce que j'ai envie de dire même si ça doit choquer: de la même façon que le tournage doit se faire contre le scénario, l'écriture d'une continuité dialoguée doit se faire contre le séquencier. Je sais, je sais, c'est gonflé, mais je le dis.
Aaaah, je me sens mieux…

7.5.08

Délivrance

Voilà, l'aventure P16 se termine pour nous. Le ton de nos séquenciers n'était pas tout à fait celui de la série.
Loin d'être amer, je regarde en arrière pour voir le chemin accompli. Ça a quand même été une expérience très enrichissante, à divers points de vue. Personnellement d'abord, puisque cela m'a permis de peaufiner mon écriture, d'endosser pendant un temps des responsabilités sur une grosse série, même si l'environnement de départ n'a pas toujours été ni serein ni professionnel, et c'est un doux euphémisme…
Cela a été également très instructif d'être au coeur du cyclone pour voir comment se fabriquait une série française et pouvoir mieux comprendre le chemin qui reste à parcourir pour que cette industrie qu'est naturellement la fiction télé puisse aussi devenir un art. Pour le dire plus vite, le fossé qui sépare encore les fictions US de nos fictions à nous (à part bien sûr quelques pépites).
Plusieurs constats:
C'est bien de laisser une grande liberté aux auteurs, mais il faut que cela s'accompagne de professionnalisme, à tous les niveaux.
Le discours récurrent des productions qui vous disent "Nous la chaîne, on s'en fout, on fera la série qu'on veut faire" atteint vite ses limites. Notamment quand la chaîne en question n'a pas la même vision de la série et petit à petit, parvient à faire fléchir la balance de son côté. Le pot de fer contre le pot de terre…
La difficulté aussi de maintenir le cap, lorsque personne au départ, pas plus la production que la chaîne ne sait vraiment ce qu'il veut. Sur ce projet, on est quand même parti d'une série 52' à la Newport Beach, pour arriver à un format 22' à la Plus belle la vie…
Je pensais quand même que le ton, voulu depuis le début par la production se rapprocherait plus du politiquement incorrect que du soap pour ménagère, et sur ce point, j'avoue que je suis un peu déçu. Petit à petit, texte après texte, note après note, le "gommage" s'est effectué. En tout cas, ce n'est certainement pas la faute du binôme de dirdecoll qui a récupéré le bébé. Car je ne peux que saluer leurs efforts pour avoir essayé de faire une série gonflée et drôle, mélange subtil d'arches narratives laissant la place à l'émotion et de décalage impertinent. Mais il y a une chose qui s'appelle le principe de réalité et contre lequel décidément, on se heurte toujours…
Je salue aussi l'intelligence de ce couple d'auteurs, talentueux et pour une fois professionnels, et leur ouverture d'esprit qui nous a permis de continuer un temps à travailler sur cette série, avec les personnages que nous avions créés…

Après, restait la difficulté de se glisser dans les traces d'une série qui n'est plus tout à fait la même ni tout fait une autre, avec en tête les fantômes et les souvenirs d'une autre époque.
Bref, fin de l'histoire, et curieusement, en apprenant hier la nouvelle j'ai ressenti un vrai soulagement, comme une délivrance. Cette fois le cordon est vraiment coupé, et l'avenir brille. Parce que Cedric et moi travaillons sur d'autres séries, passionnantes, et sur lesquelles nous savons que nous sommes aimés. Et puis parce que je sais aussi qu'il y aura d'autres projets.
Nous sommes heureux d'écrire et de faire ce métier et ça, personne ne nous l'enlèvera…

1.5.08

À fond

Ça file vite en ce moment, et j'ai l'impression que plein de choses m'échappent. Plus le temps de lire, plus le temps d'aller au cinéma, plus de le temps de me faire un resto avec ma chérie… Des textes à rendre, toujours plus, toujours plus vite. Une course, contre la montre certes, mais contre quoi en réalité ? Non pas que je me plaigne attention. C'est juste une constatation, immédiatement suivie (comme souvent chez moi) d'un tas de questions. On se refait pas.

Ces deux derniers jours, c'était atelier sur les continuités dialoguées de Graine de maire. Instructif. Parce que réfléchir aux textes des autres, essayer de voir ce qui marche ou pas dans leur texte, trouver avec eux des solutions, les orienter, trancher, c'est fabuleusement enrichissant. On apprend à écrire en écrivant (et aussi avec les bouquins, rassurez-vous j'y crois toujours aussi), mais on apprend aussi beaucoup en aidant les autres à trouver le chemin de leur écriture.

Et ça pour moi, ben c'est nouveau…