27.12.05

Mes nuits sont moins belles que vos jours

Vos amis vous préviennent, les sites internet consacrés à la maternité regorgent de conseils en tous genres, votre pharmacienne compatit, vos voisins vous regardent de travers, mais malgré cela, vous n'avez rien vu venir. Tout à la joie de voir ce petit être arriver à la maison, vous n'avez pas bien pris conscience du séisme qui bouleverse désormais votre vie: Bébé ne fait pas ses nuits.

Une situation qui va durer pendant des mois...
De longs mois au cours desquels vous n'aurez plus le droit de dormir plus de 3 heures de suite, où la nuit vous paraîtra longue comme un film de François Ozon, où vous croiserez dans le couloir le zombie de votre femme qui vient prendre la relève...
Alors oui, l'arrivée de Tom à la maison, c'est "que du bonheur", mais il va falloir quand même trouver une solution pour reprendre une vie "normale", travailler, avoir des idées, manger des nounours en chocolat avec mon compère d'écriture et tutti quanti.

Avoir un enfant, c'est un bonheur comme il n'en existe pas, mais c'est aussi découvrir que le sommeil est la première des nourritures.

Et il semblerait que je ne sois pas près de manger de nouveau à ma faim...

18.12.05

Mon fils à nous

C'est arrivé hier soir, samedi 17 décembre, à 22h02.

Je pensais faire un post long de 30 pages, me surpasser dans la finesse stylistique et la métaphore de haut niveau, bref vous faire part de ma joie et de mon émotion dans une explosion de génie créatif et inspiré, sauf que cette émotion-là, cette joie-là sont tellement ENORMES, tellement hors normes qu'aucun mot, même inventé, ne saurait en rendre compte.

Tom est né, il est mon fils et je suis son père. Une nouvelle vie commence.

Et je me demande simplement comment j'ai pu attendre aussi longtemps.

16.12.05

À poil King-Kong !

Je suis allé voir ce matin ce fameux remake de King-Kong.

Tout a été dit sur cette oeuvre pourtant très peu médiatisée, et je ne m'étendrai donc pas sur les qualités de ce qui est effectivement un excellent film d'aventures.

Une chose cependant m'intrigue. Je me souviens qu'à la vision du précédent remake, de John Guillermin, l'adolescent gonflé d'hormones que j'étais avait ressenti comme des palpitations lors de certaines scènes d'un érotisme à polluer son siège sur le champ. Notamment cette fameuse scène au cours de laquelle Kong tente, d'un index négligent (et gros), d'abaisser le décolleté de la belle (Jessica Lange).

Or, dans la version de Peter Jackson, nulle scène torride, nulle allusion à un quelconque éveil d'une sensualité primitive chez le grand mâle en rut qu'est le valeureux (et macho) King-Kong.

Les effets spéciaux sont cependant d'un très haut niveau (si je puis dire), et nous permettent d'apprécier la moindre mimique de la bête, la légèreté de ses poils au vent (poil aux dents), ou la finesse des ridules de sa peau.

Alors je me pose une question de fond: où est passé le braquemard King-size et l'abominable paire de couilles qui va avec ??

12.12.05

Le soleil donne

Je vous en parle depuis longtemps, et c'est maintenant chose faite. Le dernier album de Nolwenn Leroy est disponible dans les bacs, comme on dit, depuis une semaine. Et bien sûr, je l'écoute en boucle.

Au début, j'ai été un peu surpris, voire déçu. En effet, j'espérais entendre des chansons qui mettraient en avant sa voix exceptionnelle. Mais, comme chacun sait, cet album a été conçu et réalisé par Laurent Voulzy, d'où cet univers reconnaissable, ces arrangements magnifiques certes, mais dont je trouvais qu'ils ne laissaient pas assez de place à l'organe de ma chanteuse fétiche.

Mais ça, c'était à la première écoute.

Car maintenant que mon oreille s'est faite à cette nouveauté, j'avoue que chaque nouvelle écoute est une redécouverte. En fait, ce n'est pas Nolwenn qui s'est glissée dans l'univers de Voulzy, mais c'est bien Voulzy qui a su épouser la personnalité de la brune aux yeux de braise ( quoi... ? QUOI ??).

De Nolwenn Ohwo à Reste encore, en passant par J'aimais tant l'aimer, la magie fonctionne, celle d'une voix et d'une interprétation sensible et riche, alliées à un physique envoûtant.

On est loin des Jennifer et autres Emma Daumas (Pffff, Emma Daumas !) et de ces albums qui semblent avoir été conçus par un ordinateur, pardon, un PC...

Ici, c'est bien d'un univers original, prenant, personnel qu'il s'agit. On est en présence d'une artiste authentique, qui prend des risques, qui s'affirme, et à qui surtout l'avenir appartient.

Un ultime fantasme:
Qu'un jour, la BO d'un de mes films soit interprétée par cette jeune fille qui a compris que le talent est une histoire d'amour...

Nolwenn, si tu lis ce blog...


PS: Ne fais pas attention aux commentaires à la con qui ne vont pas manquer de tomber, comme une eau polluée sur la fraîcheur d'une rose...
Aujourd'hui, lundi 12 décembre 2005, il fait froid.


Et moche.

7.12.05

Ironie (dramatique ?)

Je ne crois toujours pas en Dieu, mais ce qui est sûr, c'est qu'en ce moment il est d'humeur taquine.
Dans mon précédent post, j'évoquais la nouvelle vie qui s'ouvrait à moi. Je ne croyais pas si bien dire. J'ai reçu un coup de fil aujourd'hui m'annonçant que l'émission qui me nourrit depuis maintenant plusieurs années, "Face à l'image" sur France 2, s'arrêtait fin décembre et ne serait pas reconduite en janvier. Pour résumer: j'ai plus de boulot.
En revanche, j'attends toujours l'arrivée de mon premier enfant, et il va falloir, toujours, le nourrir.
Bref, pour une nouvelle vie, ça va être une nouvelle vie...

Dans un récent mail envoyé à mon compère Cédric, je lui disais (pour rire): "T'as une vie trop géniale. J'aimerais être toi".

Il faut parfois se méfier des voeux qu'on fait...

2.12.05

Lettre ouverte aux scénaristes en devenir

Ma vie est en train de changer. Résolument.
C’est même ce qu’on pourrait appeler une nouvelle vie. Alors, à l’aube de cette révolution, je m’arrête un instant pour me retourner sur les années passées.
Plus de vingt ans déjà que j’ai fait ce choix de travailler comme scénariste et réalisateur, pour le cinéma bien sûr, mais aussi pour la télévision. Vingt ans que je propose des projets, que je rencontre des producteurs, des diffuseurs, des collaborateurs. Vingt ans de rencontres, les unes magnifiques, les autres douloureuses. Vingt ans au cours desquels peu de choses auront finalement abouti, mais dont je suis quand même très fier. Vingt ans enfin que je doute, tant il est vrai que chaque échec est l’occasion d’une remise en question. Enfin, je devrais dire « était l’occasion». Car aujourd’hui le vrai changement, la révolution, se situe bien là.
Est-ce l’arrivée dans quelques jours d’un enfant qui m’oblige à me projeter dans l’avenir avec optimisme et enthousiasme ? Sont-ce les belles rencontres que j’ai faites depuis un an, après avoir décidé d’arrêter de tourner autour du pot et de mettre toute mon énergie dans l’écriture ?
Toujours est-il qu’aujourd’hui, je ne vois plus les choses de la même façon. Avant, je pensais que c’étaient les autres qui avaient raison lorsqu’ils pointaient les faiblesses de mes projets, voire de mon talent.
Aujourd’hui, je sais qu’ils ont tort. J’ai confiance en mon talent, et mieux, je sais qu’il s’est renforcé au fil des années et du travail. Et mieux encore, je sais qu’il va croître dans l’avenir, trouver de plus en plus son plein essor.
Dans mes pires moments de doute, j’ai attendu des signes, un message qui descendrait du ciel pour me convaincre que j’avais raison de m’acharner. Il suffisait que je déambule dans Paris, ces idées noires en tête, et que je tombe par hasard sur le tournage d’un film, avec ses lumières et ses acteurs maquillés, pour que je retrouve le sourire, convaincu que quelqu’un ou quelque chose s’adressait à moi pour m’encourager…
Aujourd’hui, je ne crois plus en ces signes et je ne les cherche plus. Tout simplement parce que j’ai réalisé qu’ils sont en moi depuis toujours. Je suis né avec, et il suffisait que j’ouvre les yeux…
Alors, même si j’ai bien conscience aujourd’hui que je ne suis pas forcément un génie, je sais aussi que personne ne pourra me convaincre que je n’ai pas de talent. Et à un scénariste qui me dirait qu’il se donne encore six mois pour réussir à faire triompher ses projets, je répondrais que s’il se donne une limite, s’il hésite, c’est sans doute que sa motivation n’est pas si grande que cela.
En fait, j’ai parlé de choix au début de ces lignes, choix de vie et de destin. Il n’en est rien.
Je n’ai pas choisi ce métier, c’est lui qui m’a choisi. Plus on avance en âge, et plus on devient ce que l’on est.
Quand j’avais 20 ans, je me donnais jusqu’à 30 ans pour réussir. A 30 ans, je me donnais jusqu’à 35. A 35, jusqu’à 40…
Aujourd’hui, j’ai cessé ce petit jeu. J’ai trouvé la paix, parce que j’assume ce que je suis, qui je suis. Une sorte de coming out.
Parce qu’écrire des histoires, inventer des personnages et leur donner vie, n’est pas pour moi une activité optionnelle, un épiphénomène. C’est ma raison d’être, le sens de ma vie, l’essence même de mon moi profond, ce qui me tient debout. Je n’ai pas seulement « envie » de le faire, j’existe « en train » de le faire.
Si j’abandonnais, j’abandonnerais la vie.
J’en ai croisé des gens qui semblaient avoir la même motivation et qui finalement ont déclaré forfait. Aujourd’hui ils tiennent un magasin ou donnent des cours dans des établissements. Je ne juge pas cela. Simplement, ce n’est pas qu’ils ont abandonné leur projet de vie. C’est plutôt que ce n’était pas ça, leur projet de vie.
Quant à moi, rien ni personne ne me fera renoncer. S’il faut une vie, j’y passerai ma vie. S’il faut encore une autre vie, je reviendrai…
J’ai mis 37 ans à rencontrer la femme de ma vie, celle-là même qui dans quelques jours mettra au monde notre premier enfant.
J’ai mis 42 ans à rencontrer un partenaire d’écriture, avec lequel mes projets ont soudain pris une réelle envolée.
Je ne crois en aucun Dieu, en aucun signe. Je crois juste à la force du travail, de l’abnégation, de l’acharnement, de la passion, de l’amour…
Parce qu’on a une vie à vivre et qu’il faut se demander, profondément, ce qu’on veut en faire, et ce qu’on est prêt à sacrifier pour qu’elle ressemble à ce rêve d’enfant qui un jour s’est planté en nous comme une graine, un petit diamant brut qu’il faut sans cesse polir…
Tom arrive, des producteurs nous font confiance, estiment qu’ils ont fait une belle rencontre en croisant notre chemin. Nous avons des idées plein la tête, l’énergie d’un esprit sain dans un corps sain. L’avenir nous ouvre les bras. Mais ce qui reste vrai, au-delà de tout ça, c’est que cette vie-là, à venir, c’est à nous de l’inventer.