22.4.08

Métier inconnu

Hier soir, Cedric et moi étions invités à la projection des épisodes 3 et 4 de Adresse Inconnue, en présence de l'équipe et des comédiens. Ah les comédiens… Aussi longtemps que je me souvienne, les comédiens m'ont toujours fasciné. En tant que spectateur d'abord, puis quelques années plus tard en tant que réalisateur. Diriger des comédiens, voilà bien le plaisir ultime…
C'est donc avec beaucoup de bonheur que j'ai pu parler aux comédiens de la série. Du fait que nous écrivons pour la saison 2, nous avions toute leur écoute. "Et mon personnage, est-ce qu'il va devenir un peu plus fouillé ? Et le mien, est-ce qu'il pourra sortir un peu du bureau pour aller sur le terrain ?"… Autant d'interrogations, rejointes par d'autres, qui montre l'immense appétit dans ce pays pour des séries de qualité, avec des vrais scénarios, des vrais personnages, des vraies sentiments et émotions à défendre. Car même si Adresse Inconnue a des qualités, il est vrai que le niveau d'exigence pourrait être encore poussé. Qu'attend-on, et de quoi a-t-on peur ? Mystère… La production a sans doute peur de décevoir la chaîne, France 3 en l'occurrence, la chaîne peur de décevoir ses spectateurs, dont elle se fait une idée bien précise…
Mais vu l'envie générale, exprimée en première ligne par les comédiens hier soir, cela devrait petit à petit évoluer.
Ceux qui doivent encore faire des efforts, manifestement, ce sont les réalisateurs. Hier, ce sont eux (il y en avait deux), qui ont été invités par la productrice à venir sur le devant de la scène pour faire un petit speech. Comme s'ils étaient les maîtres d'oeuvre de la série, les responsables de ce qu'on voyait à l'écran… L'un d'eux a remercié les comédiens, en rajoutant "heureusement qu'ils sont là !" Merci pour les auteurs…
Quand donnera-t-on aux scénaristes la place qui est la leur ? Quand cessera-t-on de les considérer comme des petites mains corvéables à merci, travailleurs invisibles et muets ? Bon, en même temps, il est vrai qu'aucun des scénaristes de la saison 1 n'était présent dans la salle hier soir (ni de la saison 2 d'ailleurs, à part nous). Ben oui les gars, mais bon, après, faut pas s'étonner…

18.4.08

Des amis en 2mn chrono

Quand je me suis inscrit sur Facebook, j'avoue que c'était un peu pour faire comme tout le monde, ce dont je ne suis pas très fier, parce que bon…

Mais ce matin, je reçois un message d'une inconnue qui me dit qu'elle veut être mon amie. Pourquoi pas, me dis-je dans ma tête. Et voilà que le dialogue s'engage. Cette inconnue m'a en fait contacté par l'intermédiaire d'un ami d'ami que nous avons en commun (toujours sur Facebook), le talentueux Marc Verwaerde de Chapter 9, pour ne pas le citer. Bref, elle me dit qu'elle s'occupe d'un projet pop soul, A GUY IN LIGHT, et que cela risque de me plaire. J'ai écouté, et effectivement, c'est pas mal du tout. D'ailleurs je vous engage à allez y jeter une oreille.
Du coup, je lui ai dit que j'étais scénariste, on sait jamais ;)

Et voilà comment on se retrouve "ami" avec des personnes dont vous ne soupçonniez pas l'existence deux minutes auparavant, et qui sont porteurs de projets intéressants, d'énergie et de sympathie.

Décidément, ça me plaît de plus en plus la vie virtuelle… ;)

17.4.08

Un journée particulière ?

Journée de beau temps hier. Le matin, coup de fil du dirdecoll de Adresse inconnue. La productrice nous aime bien, et mieux encore, elle aime bien le pitch qu'on lui avait proposé pour un éventuel deuxième épisode.
En même temps qu'on peaufine le séquencier du premier, on va donc tranquillement réfléchir au développement de ce nouvel épisode. Dès fois, ça paraît simple quand ça se passe comme ça.
Ensuite, déjeuner à MakingProd avec notre producteur préféré, pour lui pitcher des projets persos cette fois. Comédies, polars décalés, thriller… il a tout écouté avec attention et souhaite en avoir plus à lire. Là encore, c'est cool.
Puis, dans l'après-midi, un rendez-vous téléphonique avec la conseillère des programmes jeunesse de France 2 qui s'occupe de Graine de maire. Et là encore, beaucoup de positif, elle aime (presque) tous les synopsis de la nouvelle session. Il faut juste retravailler certains points, préciser des choses, et, pour un épisode, repartir sur de nouvelles bases, vu qu'elle n'a pas accroché au parti pris adopté, qui en faisait un épisode un peu spécial. On va donc faire un peu plus classique.
Pour finir la journée en beauté, petite visite à la SACD pour déposer notre première feuille bleue/blanche et nos contrats de C comme ç@, la série qui nous a permis de débuter (petit bonjour au passage à Elie-G, son dirdecoll, et bon rétablissement). En poussant les portes de ce temple de la dramaturgie, on était émus comme des collégiens à leur première boum, et je m'attendais à ce que tout le monde nous souhaite la bienvenue, avec chanson à l'appui reprise en choeur par le personnel, champagne, petit fours et, pourquoi pas, bizutage. À poil les bleus, on va leur passer la bite au cirage !
Bon, finalement, ça a été beaucoup plus sage. Et rapide. Bonjour madame… vous avez tout ? Oui, voilà. Merci, au revoir.

Un journée très simple, je vous dis, comme finalement on en rêve quand on est scénariste. Oui oui, c'est possible !

16.4.08

Traduction: ça paye pas

Ceux qui lisent ce blog depuis le début s'en souviennent sûrement. Il y a deux ans je faisais la traduction d'un livre pour le compte des Editions Dixit: La Psychologie des personnages.
Je viens de recevoir la facture de Droits d'Auteur 2007:
Nombre d'exemplaires vendus depuis sa sortie: 1055
C'est pas si mal, pour un bouquin censé intéressé une petite niche.
Mais ça se corse à la dernière ligne:
Net à payer : 0,00

En clair, l'à valoir que j'ai touché pour ma traduction (et qui n'était pas bien lourd) n'a pas encore été couvert par les ventes. Deux ans après.
Alors déjà, scénariste, c'est pas toujours facile pour gagner sa vie, mais comment ils font les traducteurs… ?

14.4.08

Retour sur L.A.

Pas trop de temps en cette fin de semaine dernière pour venir me raconter ici. Ça bosse qu'est-ce que vous voulez. Un nouveau séquencier à écrire pour P16, la lecture des remarques que m'envoyait dans le même temps Cedric à propos des textes de nos chers auteurs sur GDM, un rendez-vous avec la productrice d'Adresse inconnue
Résultat, je n'ai pas eu le temps de vous raconter la soirée chez mon agent jeudi soir. Bon en même temps, y'a pas grand chose à raconter. Juste le plaisir d'avoir bu du vin et converser en bonne compagnie, celle d'auteurs que je commence à connaître un peu mieux (de P16 et GDM, pour ne pas changer), et de quelques producteurs, présents et à venir dans notre carrière (enfin j'espère). Cedric était beau comme un Transporteur (après quand même, une séance d'habillage sur le quai du métro pour enfiler sa cravate, un grand moment). Aurélie était radieuse, comme une Kate sur la proue du Titanic, quant à Dulle, elle était tout simplement magnifique, telle Jacqueline Bisset dans La nuit américaine
Voilà, donc on a bu, un peu, mangé, très peu et entr'aperçu Lise, mais c'était bien.

Lise qu'on a revue ce matin d'ailleurs, pour notre rendez-vous mensuel. Ça oscille régulièrement entre déprime et positivité. Ce matin c'était la première option, et on a essayé comme on a pu de lui remonter le moral. Surtout qu'elle nous a confessé que vendredi, le lendemain de sa fête donc, elle était un peu malade…

Non, vraiment, le paysage de la fiction TV française est en train de changer, si même Lise ne tient plus le coup à ses propres soirées…

10.4.08

Journée portes ouvertes

Bon, c'est vrai, le commentaire de Dulle sur mon dernier post m'a trotté dans la tête ces dernières heures. Car il met le doigt sur une problématique à laquelle je n'ai jamais vraiment pu répondre. Dois-je suivre ma pente naturelle qui est celle de la dérision, du second degré, de la blague facile et pas chère, et cela en toute circonstance, ou bien puis-je me permettre, parfois, de me laisser aller à un premier degré pour parler de sujets plus graves, et pour lesquels l'emploi d'un ton caustique pourrait amoindrir la portée de mon propos ?
J'avais une vieille tante qui s'écriait "Pas les mots ! Pas les mots !" dès qu'on appelait un chat un chat. Et j'entends, souvent, dans des émissions/confessions, des témoins regretter de ne pas avoir dit simplement "je t'aime" à leur conjoint, leur enfant, leur parent, tant qu'il était encore temps, tant qu'ils étaient encore là. Et de déplorer le fait qu'on croit parfois pourvoir s'abstenir de dire des choses simples, avec des mots simples, sous prétexte que c'est évident pour l'autre, qu'il le sait déjà, forcément, et que livrer sa pensée sans distance, en toute sincérité, ce serait enfoncer des portes ouvertes, et donc une nécessaire perte de temps et de salive…
Je pense, quand même, et tant pis, que les évidences sont parfois bonnes à dire, surtout en démocratie, où les portes ne sont ouvertes que tant qu'on les tient fermement écartées. À force de croire que la liberté de parole va de soi, que la démocratie est inscrite dans nos gènes sans qu'il y ait d'efforts à faire pour la nourrir et la consolider, on risquerait bien un jour quelques revers. Je sais pas moi, imaginez un Le Pen au deuxième tour d'une élection présidentielle. Brrr ! Heureusement, c'est pas demain la veille…
Bref pour clore ce petit laïus, je voulais décréter cette journée, "journée portes ouvertes" pour vous tous qui lisez ce blog. Allez, lâchez-vous, prenez le risque d'être ridicule, et de dire au ras des pâquerettes ce que vous pensez des grands problèmes du monde, ou de vous dire que vous vous aimez les uns les autres. Tant qu'il est encore temps, tant que les mots, même s'ils sont d'une incroyable impudeur ou d'une affreuse inutilité, peuvent encore être simplement prononcés.
En toute liberté.

8.4.08

Le feu sacré

Drôle d'impression hier, en regardant les images de cette flamme olympique éteinte puis rallumée puis rééteinte, et de tous ces gens autour qui foutaient le bordel.
Drôle d'impression surtout en entendant les commentaires. "La fête est gâchée".
C'est vrai ça, si on peut plus faire la fête tranquillement, pendant que vos voisins se font torturer dans l'appartement d'à côté…
Mais au-delà de la réflexion qu'on peut se faire en tant que "simple" habitant de cette terre, tout cela m'amène à m'interroger en tant que scénariste. C'est-à-dire celui qui invente des histoires pour témoigner du monde tel qu'il est ou plutôt tel qu'il devrait ou ne devrait pas être. Car la question de savoir si l'on peut mélanger sport et politique, rejoint celle de savoir ce qu'on peut au juste mélanger dans nos histoires: politique et dénonciation ? Cruauté et poésie ? Désillusion et espoir ?
Pour faire bref, moi je ne vois pas comment on peut éviter de mélanger les choses. L'humanité n'est pas "une", et l'être humain sûrement pas non plus. Alors notre boulot à nous auteurs, modestement, est-ce que ça ne devrait pas être de rendre compte de la vie dans toute sa diversité, sa tragique, cruelle, magnifique, irritante, insupportable, extravagante et merveilleuse diversité ?
Et est-ce que ce que nous montrent la plupart du temps les télévisions n'est pas un terrible raccourci, une infamante censure de ce qu'est la réalité du monde et de ceux qui y vivent ? Une télé pour les enfants ?
Alors bien sûr, ne soyons pas naïf, c'est pas gagné, tout simplement à cause des enjeux comme disent les journalistes. Du fric, comme dit ma concierge. Sponsor des jeux olympiques qui sont bien contents à l'idée de s'implanter dans un pays auquel ils n'ont pas encore accès. Annonceurs à la télévision qui veulent surtout vendre leurs came sans effrayer la ménagère.

Oui, il faut vraiment avoir le feu sacré pour croire encore qu'en faisant notre métier, on pourra faire avancer les choses dans le sens de plus d'humanité, de prise de conscience, et de respect de tous les droits, y compris, pourquoi pas, ceux de l'homme (bon et de la femme hein bien sûr).

7.4.08

Comme un lundi

Une semaine déjà que j'ai repris ce blog, ça file à toute allure, même si c'est toujours pas le printemps.
Aujourd'hui, un peu de Graine de Maire (lisser les derniers synopsis du deuxième groupe à rendre à la prod, avant qu'elle-même ne les envoie à la chaîne), un peu de Contrôle Technique pour ma voiture (la date limite c'était y'a un an), et un peu d'Assassin's Creed sur ma brand new PS3.

Bon, il s'annonce sympa ce lundi ;)

3.4.08

S'évader

Jouer et écrire, c'est la même chose, non ?
Parce que là, je viens de m'acheter une PS3, avec GT5 Prologue, et j'ai reçu Assassin's Creed…
Ben quand je joue, ça me fait un peu le même effet que quand j'écris.
J'entre dans un monde inconnu, peuplé d'êtres complexes, de conflits, d'objectifs et d'obstacles, et surtout, surtout, j'oublie ce putain de monde dans lequel on ne peut faire autrement que de s'y réveiller chaque matin…

Alors entre inventer des histoires et les vivre la manette à la main, ben je crois que ma vie n'est plus qu'une grande fuite (et pas forcément en avant)…

C'est grave ?

1.4.08

Le caméléon

Un an est passé depuis mes faux adieux, et ça fait un drôle de raccourci dans ma vie. J'étais aspirant scénariste, pas bien sûr de la tournure que tout cela allait prendre, malgré quelques contrats dans l'air, et me voici dir de coll, travaillant sur 3 séries à la fois. Du coup, le problème s'est déplacé: ce n'est plus comment gérer l'attente de commencements toujours repoussés à plus tard, mais comment faire pour écrire en temps et en heure des séries qui n'ont rien à voir l'une avec l'autre…
Pas facile en effet de passer en un clic d'un soap post-jeune à une sitcom non-sense puis à un polar pour ménagères…
Le fond est différent, mais la forme aussi. Car sur des séries où l'on intervient en tant que "simple" scénariste, il faut pouvoir se glisser dans le style de ceux qui les ont créées. Pour leur donner à penser qu'on a bien pigé le truc, et qu'on fait partie de la famille. Bref, faut savoir faire le caméléon, et du coup, une autre question, encore plus vertigineuse vient se poser:
Est-on vraiment un auteur quand on se glisse dans un style ou un univers qui n'est pas forcément le sien ? Où n'est-on qu'un singe savant qui ne gagne sa vie que par son pouvoir mimétique… ?