24.7.08

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L'été est calme.
Et le restera vraisemblablement jusqu'à la rentrée. On ne saura qu'à ce moment-là si GDM aura droit à une seconde session. Et les divers producteurs auxquels nous avons envoyé des projets (Christine, si tu nous regardes) seront rentrés de vacances pour nous dire le bien ou le mal qu'ils en pensent.
Je vais donc en profiter pour faire une parenthèse. De Nice à Quiberon, en passant par le massif des Écrins avec les 13 Kg de mon fils sur le dos…

Et pour ne pas me déconnecter complètement, je continuerai à écouter sur France Culture "L'Amérique en 24 épisodes", une intéressante anthologie de la série US, que je vous recommande.

Bon été à tous.

18.7.08

Pills: à côté de la cible.

Le problème en France, c'est pas tant d'écrire des bonnes séries que de trouver des chaînes pour les diffuser.
Prenez Pills, héros tueur à gages. Canal+, contacté il y a quelques semaines, avait trouvé que ça n'était pas assez "sociétal" pour eux.
TF1, que les producteurs ont rencontré hier, trouve le projet magnifique, formidable, très bien écrit, excitant, bref parfait quoi. Sauf que c'est trop gonflé pour eux. A.B. peut changer un peu les choses, mais pas faire la révolution. Encore ce bon vieux principe de réalité.

Alors on fait quoi ? On abandonne le métier, on crée d'autres chaines, on propose un spin-off de Joséphine, on met un cierge, on couche avec quelqu'un (mais qui ?), on attend que ça se passe… ?

12.7.08

Méditation

J'ai été bien silencieux ces derniers jours. La faute à Ingrid et son aventure si singulière, qui a eu plus de répercussion en moi que je ne l'imaginais encore.
Tout un tas de questions qui se sont enchaînées, et qui se résument finalement en une seule: qu'est-ce qu'une vie réussie ? (Luc Ferry, si tu nous regardes…) Une sorte de crise de la quarantaine, à retardement (putain déjà…).
Le moment de faire le bilan, et d'essayer d'imaginer l'avenir.
Mais qui dit questions ne dit pas forcément réponses, et même si ma phase de méditation intense est passée, je reste sur ce sentiment étrange d'être au monde et d'être un peu à côté en même temps. Un sentiment que je connais depuis toujours, et qui reste mon compagnon le plus fidèle.
Vendredi j'ai souri en voyant un épisode de CCC que j'avais écrit avec mon compère Cedric. C'est toujours amusant de voir à l'écran les scènes que l'on a imaginées, et les dialogues qu'on a composés, seul dans une petite pièce…
Et j'étais loin de me douter, il y a deux ans, en écrivant cela, que ce serait la jolie Emilie qui prononcerait mes mots. La jolie Emilie qui donne tout son charme au personnage de Léa dans le pilote de Paris 16, et que je ne connaissais pas alors.
C'est dans ces petits bonheurs que je trouve finalement la certitude de ne pas m'être trompé de chemin…

4.7.08

Pleurer pour ne pas mourir

L'émotion est-elle soluble dans le second degré, ou encore, le second degré est-il un cancer de la pensée ?

Voilà le genre de questions que je me pose depuis deux jours, depuis en fait la libération d'Ingrid Betancourt.
Et aussi depuis que je lis certaines réactions à propos de cette libération. Toutes ces moqueries, ces polémiques qui pointent, cette haine parfois, cette dérision souvent.
Moi-même, hier matin, j'ai fait un petit post là-dessus pour être malin, genre c'est de la fiction, une nouvelle série, wouaha comme je suis trop drôle comme garçon.
Et puis dans l'après-midi, je vois en direct les images d'Ingrid (je l'appelle par son prénom maintenant) tombant dans les bras de ses enfants retrouvés. Et là, j'ai chialé comme un orage de mer (mère ?).
Tout d'un coup, j'avais plus envie de faire le malin, de trouver l'angle amusant, décalé, pour parler de ce dont tout le monde parle, parce qu'il ne faut pas parler comme tout le monde de ce dont tout le monde parle. J'étais emporté par une émotion totalement premier degré, rattrapé par l'évidence de mes facultés d'humains à reconnaître un pur moment d'humanité. Une femme, détenue pendant plus de six ans dans des conditions terribles, retrouve ses enfants, qui sont toujours les siens mais qui n'ont plus du tout la même tête, ni à l'extérieur ni à l'intérieur. Point barre. Il y a là-dedans tout un maelström de sentiments qui m'ont sauté à la gueule, avec des questions aussi simples, évidentes, et donc bêtes pour certains que "qui sommes-nous, qu'est-ce que l'amour, pourquoi est-ce si difficile pour certains de se dire je t'aime, ou pourquoi ce serait honteux de pleurer devant la vision d'une maman et de ses enfants qui renaissent les uns aux autres ?"
D'où mon interrogation sur le second degré. Je suis très souvent en mode " je me fous de la gueule des autres, de la vie, de moi-même, car, comme le dit ma copine Dulle "Tout ça va mal finir".
Certes, mais en attendant que ça finisse, parfois ça fait du bien de se sentir simplement un homme, avec des larmes gratuites, qui ne serviront à rien d'autre qu'à soulager ce trop plein d'humanité qui nous submerge quand tout à coup on arrête de faire le con pour accepter de vivre pleinement ce que nul autre ne peut vivre à notre place: des émotions.
Et si je me cache si souvent derrière mon ironie, eh bien hier j'étais à poil. À vif. Et vivre cela pleinement ne veut pas dire pour autant être dupe de la médiatisation, des enjeux, de tout ce bazar autour. Mais merde c'est une histoire de folie quand même, cette femme capturée et libérée. S'il y avait eu autant d'ironie à l'époque où un mec haranguait les foules avant de se faire crucifier, la religion catholique ne serait jamais devenue cette entreprise successful. Et les valeurs que porte Ingrid sont finalement les mêmes (avant que des connards les récupèrent pour en faire tout autre chose, comme d'habitude, on est d'accord). Car si mon émotion était si forte, cela tient beaucoup à la personnalité de cette femme, de son courage, de cette dignité, de toutes les valeurs qu'elles exprime et qu'elle incarne. Qui parmi ceux qui se moquent aujourd'hui, sont capables de dire "je souhaite le meilleur" à des gens qui les ont séquestrés, humiliés, torturés pendant 6 ans ? Qui ??? Alors bordel de merde, juste un peu de respect pour une femme qui dans un monde devenu fou, nous rappelle avec ses mots simples l'évidence de notre condition: oui, c'est l'enfer, oui, nous allons tous mourir, mais en attendant, aimons nous les uns les autres. Putain, voilà le vieux message… Ingrid, nouvelle icône de sainteté ? Comme je ne suis pas croyant pour un sou, je dirais plutôt nouvelle icône d'humanité. Je sais, ça fait grandiloquent, et peut-être que ça perd de sa force dit comme ça. En même temps, je ne sais pas comment le dire autrement, et surtout je n'en ai pas envie.

Voilà, j'avais juste envie de dire aujourd'hui que le second degré c'est bien, mais peut-être que trop de second degré tue le second degré. Et tue aussi quelque chose en nous, de tellement précieux…
Et comme c'est quand même un blog de scénariste, j'ai envie de dire que ça vaut aussi bien dans la vraie vie que dans les histoires qu'on raconte…

3.7.08

I.B.

Wouaaaah, quel trip devant mon petit écran hier soir ! Voilà, ça c'est de la télé ! Une mise en scène parfaite, des personnages charismatiques, une opération à la 24, du suspense, de l'émotion, du dialogue de qualité, des vrais méchants et des héros fatigués… Ben voilà, quand le service public veut bien se donner la peine d'engager les bons acteurs, les bons scénaristes et les bons réalisateurs, ça donne un épisode de série d'une grande force ! Non, France Télévision n'est pas encore morte !

(Dernière minute: on me dit que tout ça n'était pas un épisode d'une nouvelle série, mais que ça s'est réellement passé dans la vraie vie. Mouais… ça demande vérification quand même…)

1.7.08

Pub (deuxième coupure)

Et pis mince ! Comme on n'est jamais mieux servi que par soi-même, je remets un petit coup de projecteur sur mon grand œuvre, mon unique contribution publique (jusqu'ici) à la littérature, même s'il s'agit d'un domaine spécialisé. Je veux parler bien sûr du livre que j'ai traduit pour les éditions Dixit, La Psychologie des Personnages (H. Gluss, S.E. Smith). Et oui, déjà deux ans que l'ouvrage est paru, et même s'il ne m'a pas rendu riche, loin s'en faut, j'espère qu'il a été utile à quelques uns d'entre vous (et aux autres).
Sans compter qu'il semble de plus en plus dans l'air du temps de s'intéresser aux "personnages". Ce qui veut dire en fait, aux séries feuilletonnantes. Car tout l'intérêt du feuilletonnant, c'est bien évidemment de pouvoir développer des caractères sur une longue durée, de suivre l'évolution des personnages, dans leurs failles, leurs doutes, leurs échecs, leurs rebondissements, leurs espoirs, leurs réussites, et à nouveau leurs doutes… etc. Bref, considérer que ceux à qui l'on fait vivre des histoires, puissent être en interaction avec la vraie vie, et pas un monde idéal et enchanté où tout le monde aime tout le monde, où tout le monde réussit tout le temps ce qu'il entreprend… Donner à un personnage le choix entre une mauvaise solution et une autre encore plus mauvaise, voilà qui devient intéressant. Voilà qui permet de développer des personnages aux différentes facettes, des paranos, des borderline, des antisociaux, des histrioniques, des masochistes…
Et ça tombe bien, c'est justement le sujet de la Psychologie des Personnages (c'est brillant hein ?).
Bon, je vais pas vous refaire tout le sommaire, mais quand j'ai découvert ce livre sur Internet et que j'ai proposé à Dixit de le traduire, c'est parce que j'étais frustré que dans les séries françaises, on ne nous propose la plupart du temps que des ombres, des cintres sur lesquels on accroche un costume…
Le succès de la fiction US n'est-elle pas finalement dans la profondeur des personnages qu'elle sait mettre en scène ? De Vic MacKey à Tony Soprano en passant par la famille Fisher ou les femmes aux foyer désespérés (et j'en passe des dizaines et des dizaines…), voilà une belle bande de déglingués, de menteurs, d'hypocrites, d'angoissés, de frustrés. Des gens normaux, quoi.
Bien sûr, je ne prétends pas que ce petit livre va à lui seul révolutionner nos manières d'écrire. Je ne dis pas non plus qu'il n'y a pas d'autre manière d'aborder la construction des personnages. Mais s'il peut apporter sa pierre à l'édifice, ouvrir des horizons à quelques auteurs, producteurs, diffuseurs, acteurs, j'en serai déjà très fier…

PS: merci à Nathalie Lenoir qui a gentiment recommandé le livre sur Nidinfo

Dans l'attente… (air connu)

Ça devait être le rendez-vous attendu de la semaine.
Finalement (?) Pills sera présenté à TF1 le 17 juillet. Beaucoup de travail pour le nouveau directeur de la fiction, et pas assez d'heures dans une journée. Ça ne veut (sans doute) rien dire de plus. Le producteur m'a d'ailleurs rassuré ce soir. Il a eu en ligne la partie canadienne, qui se montre toujours aussi désireuse de coproduire le projet. Même s'ils n'ont pas encore eu le temps de lire les tous derniers développements qui leur ont été envoyés la semaine dernière. La faute cette fois à la fête nationale du Canada, qui a vidé les bureaux et les lieux de travail.

Bref ça continue d'avancer, lentement, mais ça continue. Et tant que le big boss de la big chaîne n'a pas dit non, on a le droit d'y croire.