18.6.08

Le vent se lève, il faut tenter de vivre…

Je ne sais pas si Shyamalan a lu Valery, mais à voir son dernier film, Phénomènes, on se dit que si, sûrement.
Depuis son premier opus, Sixième sens, je répète à qui veut l'entendre que Shyamalan fait des films spécialement à mon égard. Je comprends tellement chacun de ses plans, de ses dialogues, de ses thématiques que je me dis que Shyamalan est une sorte de réincarnation de moi-même, en talentueux bien sûr. Le problème c'est que je ne suis pas mort, et je crois que je ne lui pardonnerai jamais d'avoir pris ma place sans attendre que je disparaisse. Mais bon. Faudra qu'on ait un explication là-dessus un jour, lui et moi.
En attendant, j'ai passé hier un moment fort. Sur un sujet limpide (pourquoi personne n'y avait pensé avant), il déroule le génie de sa mise en scène, et cette façon si particulière, à la fois simple et décalée, de nous raconter une histoire. Je ne veux rien en dire de très précis pour ceux qui ne l'auraient pas encore vu.
Mais quand même, ces chutes de corps sur un chantier, l'apparition des grandes échelles dans les arbres puis de ce qui s'ensuit, le vent qui soulève les feuilles, menace invisible et pourtant bien réelle. Toute la terrifiante étrangeté du monde dans le simple plan d'une balançoire sous un vieil arbre. Tout cela sans effets spéciaux bruyants, sans racolage, juste des plans sobres juxtaposés qui dessinent le tableau angoissant d'une humanité en perdition. Le cinéma dans son essence même. L'antithèse du cinéma à la The Island, la modestie des moyens pour mieux faire ressortir l'essentiel. Ça aurait été tellement facile de faire de l'esbrouffe avec des explosions et des couleurs qui claquent. Mais Shyamalan n'est pas un réalisateur de pub ou de clips, c'est un auteur qui se pose à chaque fois la question de la forme et du fond, pour que son propos soit à chaque fois le plus juste et le plus fort possible.
À vrai dire, depuis Hitchcock, je n'avais jamais ressenti cela (le film à de nombreux points commun avec Les Oiseaux). J'aime cette sensation de fin du monde, ces personnages isolés, abandonnés de tout secours divin… Oui, le vent se lève, et oui, il va bien falloir tenter de vivre. Seul, forcément.
Il y aurait beaucoup à dire encore, mais comme je ne veux pas spoiler, je vais m'arrêter là.
Que d'autres aiment ou pas, ça m'est bien égal. Shyamalan fait des films rien que pour moi. Je lui ai d'ailleurs déjà passé une autre commande. J'ai hâte à l'année prochaine…

10 commentaires:

Nicolas Van Peteghem a dit…

haha c'est marrant: après avoir vu la bande annonce jme disait "pourquoi pas?", puis en lisant les critiques de tout le monde, "surement pas!" (jme suis déjà fait avoir avec Indy4), et maintenant voilà quelqu'un qui crie au génie... on ne sait plus à quoi s'attendre!

bon... j'attendrai le dvd! :)

AurelieM a dit…

C'est marrant jusqu'à présent, je n'ai lu que des critiques tout pour ou tout contre...
Personnellement, je n'ai pas détesté, mais je n'ai pas adoré non plus. Je me suis laissée embarquer par l'univers, le propos ne m'est pas indifférent (comme vous le savez !), mais beaucoup de choses m'ont énervée.

Anonyme a dit…

Mitigée, moi aussi.
En voyant la bande annonce, je craignais l'esbrouffe justement et en fait non.
C'est le propos qui m'a attiré et je me suis demandée aussi comment personne n'y avait pensé avant! Du coup, c'était assez glaçant, fallait oser...
Par contre, j'ai trouvé l'explication du phénomène simpliste, puisqu'il s'agit d'un futur proche j'aurais aimé une caution scientifique plus crédible et j'ai trouvé les personnages peu incarnés et les dialogues d'une platitude extrême.
Je me suis demandée si: soit les acteurs ont été mal dirigés, soit ils ont eu du mal à jouer avec ce trop potentiellement réel et "anxiogène" climat de fin du monde.
J'étais bien contente de voir le soleil en sortant de la salle et la menace invisible a donné lieu à pas mal de discussions dans la soirée.

Anonyme a dit…

Je ne sais pas comment on peut passer à côté de la nullité du jeu des acteurs et des dialogues dans ce film. L'amour rend aveugle, ça doit être ça.

Et comparer "Phénomènes" à "The Island", c'est vouloir refuser la critique. C'est comme si je comparais "Platoon" à "American Pie"... ;)

j_christ a dit…

Non non, ne comptez pas sur moi pour rentrer dans ce débat.
Je comprends parfaitement les raisons pour lesquelles on peut détester ce film, ou simplement le trouver moyen.
Je ne parle que de moi, je ne cherche pas à convaincre quiconque.

Anonyme a dit…

Déréliction quand tu nous tiens... ;)

T'inquiètes, on t'aime quand même !

Manuuu a dit…

J'admire Shyamalan, le réalisateur. J'aime beaucoup moins M. Night, le scénariste.

Anonyme a dit…

Voilà, oui, bien résumé ;-)

Nicolas Van Peteghem a dit…

Les réalisateurs, on donne leur nom de famille, mais les scénaristes, on les appelle par leur prénom. C'est de là que partent tous nos (vos?) problèmes!

Anonyme a dit…

Encore pire, par leur pseudo :)
Comment voulez-vous qu'on s'en sorte ?!