
Peut-être que les sujets politiques traités en fiction pure n'intéressent définitivemement pas les Français . Peut-être aussi que l'absence de tête d'affiche n'a pas aidé (Muriel Robin en présidente de la République, ça aurait peut-être cartonné ?).
Moi ce que je vois surtout, en tant qu'auteur et spectateur, c'est que le premier épisode est incroyablement mou. Pas de rythme, des séquences de soi-disant comédie qui durent des plombes, un mélange des genres qui noie le poisson. Bref pas assez d'enjeu et de conflit. Car en fiction, surtout en série TV, ce qui compte c'est avant tout le conflit, le conflit et encore le conflit. Les Américains l'ont bien compris. On ne peut pas tomber sur une (bonne) série sans rester aussitôt accroché à l'intrigue. Parce qu'on est pris dans la dynamique des personnages, on se met à leur place, on est entrainé dans la spirale des conflits qui les agitent en tous sens. Que va-t-il se passer, vont-ils réussir, et ce personnage inquiétant tapi dans l'ombre va-t-il leur barrer la route ? Quant aux comédies, elles sont ryhtmées, vives, les répliques drôles et les vraies situations s'enchainent, on n'a pas le temps de souffler ni surtout de zapper.
Rien de tout cela dans l'Etat de Grâce. La séquence sur le choix du meilleur chien possible pour faire la une des magazines est poussive et dure 5 bonnes minutes, là où les Américains l'auraient traitée en 30 secondes. Next, next, next !
Du coup on baille, on ne s'intéresse pas à la suite, et on n'est plus sur France2 pour le deuxième épisode qui pourtant est meilleur, puisque l'annonce de la grossesse de la présidente rend l'enjeu beaucoup plus intéressant. La force de l'ironie dramatique déroule sa mécanique, mais devant des fauteuils vides.
Innover c'est bien, mais il faut vraiment sortir de la torpeur dans laquelle nous ont plongé des années de 90' poussifs. Il faut cesser de considérer qu'un 52' est un 90' amputé de 38'...
Il y a une grosse remise en question à faire de tout le système, auteurs, producteurs, diffuseurs, sous peine de voir les séries américaines envahir les ondes pour ne nous laisser que des miettes.