28.9.06

Manque de Grâce

Cuisant échec pour la nouvelle série de France 2. Et c'est dommage, parce qu'on avait vraiment envie d'y croire. La faute à quoi ?
Peut-être que les sujets politiques traités en fiction pure n'intéressent définitivemement pas les Français . Peut-être aussi que l'absence de tête d'affiche n'a pas aidé (Muriel Robin en présidente de la République, ça aurait peut-être cartonné ?).
Moi ce que je vois surtout, en tant qu'auteur et spectateur, c'est que le premier épisode est incroyablement mou. Pas de rythme, des séquences de soi-disant comédie qui durent des plombes, un mélange des genres qui noie le poisson. Bref pas assez d'enjeu et de conflit. Car en fiction, surtout en série TV, ce qui compte c'est avant tout le conflit, le conflit et encore le conflit. Les Américains l'ont bien compris. On ne peut pas tomber sur une (bonne) série sans rester aussitôt accroché à l'intrigue. Parce qu'on est pris dans la dynamique des personnages, on se met à leur place, on est entrainé dans la spirale des conflits qui les agitent en tous sens. Que va-t-il se passer, vont-ils réussir, et ce personnage inquiétant tapi dans l'ombre va-t-il leur barrer la route ? Quant aux comédies, elles sont ryhtmées, vives, les répliques drôles et les vraies situations s'enchainent, on n'a pas le temps de souffler ni surtout de zapper.
Rien de tout cela dans l'Etat de Grâce. La séquence sur le choix du meilleur chien possible pour faire la une des magazines est poussive et dure 5 bonnes minutes, là où les Américains l'auraient traitée en 30 secondes. Next, next, next !
Du coup on baille, on ne s'intéresse pas à la suite, et on n'est plus sur France2 pour le deuxième épisode qui pourtant est meilleur, puisque l'annonce de la grossesse de la présidente rend l'enjeu beaucoup plus intéressant. La force de l'ironie dramatique déroule sa mécanique, mais devant des fauteuils vides.
Innover c'est bien, mais il faut vraiment sortir de la torpeur dans laquelle nous ont plongé des années de 90' poussifs. Il faut cesser de considérer qu'un 52' est un 90' amputé de 38'...

Il y a une grosse remise en question à faire de tout le système, auteurs, producteurs, diffuseurs, sous peine de voir les séries américaines envahir les ondes pour ne nous laisser que des miettes.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Tes remarques sont tout à fait justes. Il y a chez les Américains une culture de l'efficacité dans les dialogues : est-ce que ce qui est dit va faire avancer l'intrigue? En France, il y a beaucoup trop de verbiage... Et je crois que les téléspectateurs commencent à sentir le décalage, impossible de ne pas tomber sur une série US an prime aujourd'hui. Question : est-ce que les chaînes vont choisir la solution de facilité (séries US en Prime et basta) ou, piquées dans leur orgueil, vont-elles décider de relever le niveau d'écriture des séries Françaises?
J'ai bien peur d'avoir la réponse... Les temps vont être durs pour les auteurs...

j_christ a dit…

Le problème, c'est que si les séries françaises qui prennent des risques se plantent comme ça, ça va pas encourager les diffuseurs à continuer à innover...
L'explosion du 52' français n'a pas encore eu lieu. Tout se joue maintenant, pour les auteurs comme pour les téléspectateurs...

Anonyme a dit…

"Peut-être que les sujets politiques traités en fiction pure n'intéressent définitivemement pas les Français."

Peut-être surtout qu'outre la qualité assez médiocre du dialogue et des enjeux de l'intrigue dont vous vous faites l'écho, il y a aussi (surtout) un manque cruel de réalisme dans le traitement de ce genre de sujet. West Wing, on y croit, comme les films ou téléfilms britanniques (ceux de Stephen Frears, par exemple). Enfin... enfin...

[euh... désolé d'arriver avec autant de retard, les hasards de la promenade virtuelle - bon courage et bonne année]

j_christ a dit…

Merci d'être passé, même avec du retard, et bonne année aussi ;)