Après la réunion avec le diffuseur, qui a rejeté la majorité des partis pris souhaités par la production, nous avons donc été écartés de la série. Un auteur va reprendre notre séquencier pour en faire une V8, et passer à la CD, si tout va bien.
Au-delà de la déception, sur le fond, la forme et le manque à gagner, je m'interroge.
Quand je lis par exemple le blog de l'apprenti, où il explique en gros qu'il préfère ne pas écrire pour la télévision française parce qu'il sent que ses projets n'y trouveraient par leur place, et que le goût du public ne correspond pas à ce qu'il a envie de leur proposer, j'avoue que cela me fait me poser des questions. Faut-il absolument se forcer à écrire pour gagner sa vie, quitte à vivre au quotidien la déception et la frustration, ou vaut-il mieux conserver son intégrité en attendant des jours meilleurs, et trouver un autre moyen de gagner de l'argent ?
Oui, mais quel autre moyen ? J'ai fait l'assistant-réalisateur pendant de longues années, je n'en ai plus envie, et je ne me vois pas vendre des big mac, en tout cas plus à mon âge. Et puis si on ne fait qu'attendre d'écrire au lieu d'écrire, est-on vraiment scénariste ? Bref, n'est-ce pas une posture un peu facile ? Car l'apprenti, par définition, est un apprenti, et il ne s'est donc jamais frotté au principe de réalité, celui d'un système, avec ses lois, ses contraintes, ses intervenants. Il n'y a aucun mal à renoncer à être scénariste de télévision, mais alors il faut passer à autre chose. Finalement, je préfère me dire qu'il doit y avoir un moyen de combattre de l'intérieur. À force de croiser des gens et après quelques mauvaises rencontres, on finit par trouver ceux avec qui ça peut coller
Le meilleur exemple, GDM. La preuve que l'alchimie entre un producteur talentueux et intelligent, des auteurs motivés et un diffuseur qui a l'air de suivre, cela peut exister.
Bon, comme rien n'est simple, c'est sur le service public, avec les risques de démantèlements qui se font plus précis de jours en jours…
Je disais qu'il fallait avoir la foi, je le pense de plus en plus. Une foi qui doit s'accompagner d'un combat, de risques à prendre, jusqu'au sacrifice, sans doute, de sa personne.
Après tout, Jésus-Christ n'a pas très bien fini.
En attendant, comme disait ma grand-mère, il faut porter sa croix…
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72 commentaires:
Tu as passé les 33 ans, c'est déjà bon signe...
"le goût du public ne correspond pas à ce qu'il a envie de leur proposer"
C'est pas de toi, tu ne fais que citer...Mais je trouve que c'est un prétexte un peu facile pour ne pas se remettre en question. A quelques rares exceptions, quand c'est vraiment bien, le public suit.Bon, il suit aussi sur des merdes parfois. Mais finalement, c'est pas le problème. En tout cas, j'aime pas du tout ce propos.
Moi non plus.
C'est surtout la meilleure excuse qui soit pour ne rien tenter... Au moins, comme ça, on ne s'expose pas !
Le métier de scénariste est un métier de contraintes, et particulièrement à la télé. Si on ne pense pas pouvoir trouver sa place et la possibilité d'un épanouissement personnel dans des cadres narratifs restrictifs, alors mieux vaut effectivement ne pas se lancer dans ce boulot. Parce que c'est un milieu dans lequel l'écrémage naturel est massif et violent, il faut vraiment avoir envie pour durer un peu. Mais je rappelle toutefois que les cadres artistiques restrictifs n'ont jamais empêché l'éclosion des talents. Michel-Ange, si tu nous lis...
Maintenant, il faut que j'arrête de lire les blogs... ET QUE JE BOSSE, BORDEL !!!
C'est vrai ça, qu'est-ce que tu fous là ??
;)
Oui, combattre de l'intérieur mais à condition que vous soyez tous unis pour peser plus lourd dans la balance...
Oui, c'est facile quand on ne se coltine pas la réalité de dire ceci ou cela mais vous avez bien dû passer par là vous aussi...
Je ne suis même pas apprentie pour ma part, je cherche juste une formation sérieuse déjà, une seule école en france pour les scénaristes télé, le conservatoire subventionné par les diffuseurs, cherchez l'erreur!.
Le milieu n'est pas facile, l'époque actuelle non plus et que seront les médias de demain, on risque d'être surpris!
Loin de moi, l'idée de vous dénigrer, au contraire j'admire votre passion, votre ténacité et votre persévérance...et c'est souvent une sensibilité (commune?) qui me fait m'exprimer quand je ne supporte pas de vous voir devoir être des courtisans là où vous devriez être seulement des artistes-artisans-scénaristes...
Après, aller jusqu'au sacrifice de sa personne, pour quelle cause?
Je me voyais bien oeuvrer pour une télé de qualité car j'ai grandi avec la télé, que j'ai des souvenirs inoubliables de télé et que c'est un média populaire mais me sacrifier, je ne le peux pas car j'ai des enfants tout simplement.
Sally, c'est le côté précaire du job qui t'empêche de le faire hein? Parce que le côté "sacrifice de sa personne", c'est une image hein, t'inquiète. Faut pas exagérer non plus...
Sally, excuse-moi mais je trouve que tu te prends un peu trop la tête. Les choses, on les fait ou pas. On a envie ou pas. On a l'énergie ou pas. Il ne s'agit pas de "combat de l'intérieur" ou de "sacrifice". Tu veux être scénariste ou pas ?...
Quant aux formations pour devenir scénaristes, franchement... Ils se comptent sur les doigts d'une main les professionnels que je connais qui sont passés par ce genre d'école. Et c'est pareil aux Etats-Unis, contrairement à ce qu'on a tendance à penser à tort. Les scénaristes sont avant tout des gens qui ont toujours écrit et qui ne se sont que rarement posés la question de savoir s'ils allaient ou pas devenir scénaristes. Ils le sont devenus, c'est tout.
Je me relis et je me dis que c'est dingue comme je peux être définitif dans ma façon de dire les choses... Quel con ce Swann !
Oui, c'est bien la précarité qui me fait flipper Dulle...
Oui, je me prend la tête mais quand on est loin du microcosme parisien, ça reste difficile de se faire une idée et c'est même un handicap de départ assez lourd.
C'est vrai que c'est un peu définitif Swann mais ya pas de soucis,j'ai du mal à croire que vous avez tous eu une trajectoire si linéaire, ce qui est sûr c'est que ça n'est pas mon cas, il m'en a fallu des détours (pour autant pas inintéressants) pour en arriver là.
Amen
(pour le début du message, hein, pas la fin...)
;)
Je vais voir "Phénomènes" tiens, soigner le mal par le mal;-)
Je parlais du message de Swann, hein.
Et d'ailleurs moi c'est pareil, je ne me suis pas posé la question (enfin pas depuis le CM2)
Alors, quand je parle de sacrifice et de chemin christique, je scénarise un peu hein, on se refait pas.
En tout cas si sacrifice il y a, il n'est certainement pas conscient, en ce qui me concerne. Dès l'âge de 12 ans je savais ce que je voulais faire de ma vie : écrire des histoires, et aussi, plus tard les réaliser.
Je n'ai jamais pesé le pour et le contre, ni réfléchi à ce que serait ma vie avec ou sans cela. Ça n'a jamais été un choix, bien plutôt une nécessité. Alors bien sûr il y a des hauts et des bas, des moments de doute, mais on peut effectivement comparer cela à une sorte de foi, au sens où les croyants te disent que les épreuves sont là pour raffermir ta foi en ton dieu…
Je crois fondamentalement qu'on devient ce qu'on est, la rose est déjà dans le bouton…
Si on se pose trop de questions, non seulement on ne fait pas, mais on n'est pas (scénariste).
Mais on peut bien sûr être autre chose, c'est permis ;)
On peut aussi prendre l'exemple de la respiration: on a besoin de respirer pour vivre, la foi n'a pas grand chose à voir dans l'histoire...
Par contre, rien n'empêche de prendre conscience de sa respiration et de l'améliorer.
Ecrire c'est tout pareil ;)
La foi a à voir, dans la mesure où écrire c'est croire (qu'on peut changer le monde ?).
Et on peut très bien respirer sans croire (Cf. les fourmis, les crocodiles, les ficus…)
Mouais, je suis plutôt d'accord avec ça, mais je pense aussi qu'on peut écrire comme une fourmi ou un crocodile...
Pour le ficus j'ai des doutes ;)
Croire qu'on peut changer le monde (de l'art?) ou le monde (tout court?) n'est pas obligatoire pour certains...
On écrit et/ou on respire comme on est, on a besoin d'y réfléchir ou pas, on y travaille ou pas, on l'investit ou pas.
Ben moi, je me demande bien ce que je vais manger ce soir...
Par contre, depuis la libération, je ne me suis pas demandé pourquoi j'écrivais...Je m'en fous je crois de savoir pourquoi je le fais.
Quelle sagesse, Dulle.
Mais bon, ça c'est l'avantage d'être très âgée…
;)
exactement ;-) Ca a du bon finalement...
Alors moi, pourquoi j'écris ? Je sais pas... Enfin si : pour faire bouffer ma famille. C'est mon job.
Merci à tous ;-)
Vous en avez de la chance d'avoir eu cette conscience si tôt, pour moi si on reste dans le domaine de la foi c'est une révélation qui s'est faite sur le tard...pour mille et une raisons et une vie mouvementée...
Vers les 24 ans d'abord en devenant animatrice d'ateliers d'écriture, puis création d'un café-concert donc plus du tout d'écriture pendant plusieurs années cause travail monstre et retour à l'écriture depuis 3 ans...
Allez, je vais essayer d'être plus constructive et de moins me prendre la tête(et la votre accessoirement...)!
Alors Swann, ça veut dire que si tu gagnais ta vie autrement, tu n'écrirais plus du tout?
Une question con : quand on vous impose des directives ou des réécritures inutiles et bidons, qu'est-ce qui se passe si vous dites, simplement, " NON " ??
Ton contrat t'impose de faire ces ré-écritures.
Donc, en quelque sorte, les contrats sont là surtout pour s'assurer que VOUS fassiez LEUR réécriture ? Comme ils l'entendent ?
Donc la liberté de l'auteur, c'est bien un mythe, un conte de fée, de la science-fiction ?
Peut-être que dans 50 ans vous pourrez réapprendre à dire "Non, je ne le ferai pas ; non, je ne bougerai pas cette virgule"...
Ca y est, je suis de mauvaise humeur !
Mais qu'est-ce qu'ils ont ces petits à s'énerver avant même d'avoir commencé?;-)
Et c'est pas à chaque fois qu'on nous demande 6 réécritures hein... ca c'est Cedric et JC qui ont beaucoup de chances en ce moment, c'est tout...
A Frédérik : La liberté de l'auteur n'est pas du tout un mythe. Il est impossible de contraindre quelqu'un à écrire contre son gré et un scénariste garde toujours la liberté essentielle de pouvoir dire "Merde, allez vous faire foutre !". Mais il est vrai que l'usage de cette liberté s'assortit souvent d'un certain manque à gagner... ce qui peut retenir de s'en servir.
Bon alors, en vrac, parce que j'arrive à la bourre :
- les contraintes, les cadres artistiques restrictifs (quelle belle expression Swann!) c'est, je crois, ce que je préfère quand j'écris... des commandes bien sûr :-)
- apprendre sur le tas, y a que ça de vrai. Les écoles, c'est surtout bien pour se créer un réseau
- depuis tout petit j'ai écrit tout et n'importe quoi sans plan de carrière : pestacles de marionnettes, magazines, pubs... et maintenant des scénarios. Je ne sais faire que ça, écrire.
- il ne faut hélas pas mettre trop d'enjeux en télé. les bonnes surprises sont hélas rares, qu'on soit devant, derrière ou dans le petit écran. Mais impossible n'est pas français !
- qu'est-ce que je vais manger ce midi ?
Bon, faudrait voir à pas trop extrapoler non plus, les gars.
J'ai dit que le milieu sclérosé de la fiction télé française me prenait la tête, que la logique "copions les amerloques ou diffusons des séries avec Mimi Mathy, on fera de l'audience" me sort par les yeux. J'ai dit aussi que si les gens aimaient Plus Belle la Vie, ben oui, j'allais me remettre en question et que c'est justement en disant: ces connards, je vais leur montrer qu'ils ont des goûts de chiotte et leur imposer mes propres séries qu'on ne se remet pas en question.
Si on regarde l'histoire de la sitcom à la française, de Maguy à Marc et Sophie et Plus Belle la Vie, on trouve des constantes, à la fois dans le traitement et dans les audiences. C'est là qu'il faut se poser des questions et se dire: merde, les gens aiment ça!
Si on regarde les audiences des sacro-saintes séries U.S. qui déchirent tout, on se rend compte qu'à part des trucs divertissants comme FBI Porté Disparu ou C.S.I., c'est pas mirobolant (NYPD Blues n'est jamais sorti de la case de deuxième partie de soirée, Law & Order a été diffusé majoritairement l'après-midi ou en deuxième partie de soirée ces dernières années).
C'est juste tirer un constat simple et se dire: j'ai pas envie d'écrire ça, je prends pas mon pied à écrire ça et le métier d'auteur (sans connotation artistique, juste au sens de créateur de contenu) est suffisamment exigeant, le milieu suffisamment étouffant pour qu'on ne se force pas en plus à écrire des choses qu'on n'aime pas.
De ce constat à la conclusion: c'est facile, ça évite de tenter quoi que ce soit, il y a LONG LONG LONG!!!!
Je suis pas d'accord avec le fait de se plier à toutes les contraintes juste pour satisfaire un rêve de gosse. Je suis d'accord avec la notion de contrainte comme moteur de créativité, j'adore ça moi aussi, mais tant que le cadre autour est épanouissant. Désolé si ça vous choque mais aucune série de fiction télé française, aujourd'hui, n'est épanouissante pour moi. Je ne partage pas leurs univers, ni leurs préoccupations. Et je parle pas du résultat une fois réalisé, qui me fait gerber.
Ca ne veut pas dire que je ne fais rien, ça veut juste dire que j'oriente mes efforts vers des milieux où je peux m'épanouir par l'écriture et gagner ma croûte. Et ils existent. Parce que sauf votre respect, il n'y a pas que dans la fiction tv qu'on peut trouver du taf comme auteur.
Il y a l'animation, le jeu vidéo, la littérature jeunesse, la littérature de genre (le public français est toujours aussi fan de polar, la mort de Fred Dard n'y a rien changé)...
Là je peux m'éclater, là je tente des trucs, là je place des trucs, là je m'amuse et je sais pourquoi je fais ce boulot.
Et j'apprécierais que la prochaine fois vous évitiez de me prêter des propos que je n'ai pas tenus.
Oui, oui, oui l'écriture télé n'est pas une faim en soi ! :-)
éclairage très intéressant l'Apprenti.
Mais tu as bien dit en gros que en gros " tu ne préfères ne pas écrire pour la télévision française parce tu sent que ses projets n'y trouveraient par leur place, et que le goût du public ne correspond pas à ce que tu as envie de leur proposer ".
Donc personne ne t'as prêté des propos que tu n'as pas tenu.
Ils ont juste été sujets à interprétation personnelle et la source d'un beau débat.
Et pour y revenir, je conçois évidemment Swann que l'auteur soit libre de dire NON, ce que je conçois plus difficilement est que cet " asservissement " (excusez le terme) semble prendre sa source dès les contrats. Donc ceux-ci, même s'ils prévoient votre rémunération et votre protection juridique ne semblent en aucun cas vous donner un quelconque crédit créatif/artistique, aucun pouvoir de décision à ce niveau là. C'est triste de risquer son job à dire "NON" à son boss. C'est partout pareil, mais ça reste triste.
Je pense qu'on en revient au même problème, celui de la place du scénariste qui en tant qu'ouvrier exécutant est castré par le système, et en tant que vrai créateur ne semble pas avoir le crédit et le pouvoir nécessaire pour peser réellement sur sa création.
Comme dit Dulle, je m'énerve avant d'avoir commencé... Ce n'est pas que de l'énervement, je réfléchis juste aux sources des problèmes. Ça m'aide à mieux appréhender mon hypothétique futur milieu parce que je saurai à quoi m'en tenir.
Et puis si on ne s'énerve pas, il n'y a pas de raison pour que ça change et d'autres chanceux vont continuellement se frustrer à faire 8 versions de séquenciers.
Je ne veux ni me montrer naif, ni faire la révolution ici, mais je sens une sorte d'acceptation qui ne me plais pas trop. On n'écrit certes pas forcément pour changer le monde ou changer les gens, mais on écrit pour faire quelque chose de bien, or si presque personne ne nous laisse faire ce quelque chose de bien, il y a, je pense, mieux à faire que d'accepter docilement de changer telle virgule de place, de changer tel personnage, de simplifier telle scène, de changer de format... Je n'aime pas cette logique d'écrire pour soi et pour manger, quitte à vivre trop souvent dans la frustration, même si je le comprends et que je la comprendrai encore mieux une fois que j'aurai eu affaire à la réalité. En attendant, vous parliez de remise en question, et moi, oui, c'est toute la mentalité du scénariste télé que je remets en question. Désolé.
Ça ne vous concernera peut-être pas, mais la situation n'ira pas en s'améliorant. Sachez qu'aujourd'hui, presque aucune 15-25 ans ne regarde de fiction française. Et, bercés par la qualité épisodique américaine, ça ne changera pas avec l'âge. Anael disait qu'"aucune série de fiction télé française, aujourd'hui, n'est épanouissante pour moi". C'est le cas de la majorité des jeunes gens qui sont l'audimat de demain. Et, sans être alarmiste, avec internet en plus, les affaires de la fiction télé sont peu réjouissantes. Ce que je veux dire, donc, est qu'il y a une vraie nécessite de changement dans la fiction française dès maintenant, car si aujourd'hui la plupart de 40-60 ans préfèrent regarder local, d'ici 20 ans, à défaut d'une grande fiction française, tout ce qu'on retrouvera en prime-time sera CSI saison 35...
Je sais pas trop si je suis clair :)
En fait, vivant la réalité de cette tranche d'âge qui sera la cible et le coeur de l'audimat d'ici 20-30 ans, je peux dire que presque plus personne n'est enthousiasmé par la fiction française. C'est déjà de plus en plus difficile pour les séries américaines, tout les jeunes préférant télécharger. Les seuls programmes qui rassemblent encore sont le foot et la Nouvelle Star, et je suis exhaustif. Donc si je veux pouvoir trouver du travail et créer dans 20-30 ans, il faut que les choses se mettent en route dès maintenant, il faut que l'on ait de quoi rivaliser qualitativement avec les séries américaines. Il nous faut une french touch audiovisuelle qui séduise. Tout le monde. C'est peut-être utopique mais c'est le seul moyen de sauver la télé de la désuétude dans laquelle elle risque de tomber. Les diffuseurs le savent et développent un tas de solutions dont les programmes à la demande ou le téléchargement légal, internet... Mais pour qu'ils aient des contenus efficaces et attractifs à proposer, il faut que les auteurs se donnent les moyens de trouver, eux-aussi, des solutions.
Bref, c'est la vaste question de l'avenir de la télé, trop vaste pour en parler ici.
En tout cas, il me faut une source d'espoir, et vite.
Pills ?
C'est quoi le "bien" ? Qu'est-ce qui définit qu'une série est une bonne série ? C'est une vraie question. La réponse est en plus complètement différente selon la personne qui répond : scénariste, producteur, diffuseur, et public...
Le genre de remarques qui me fait sourire...
Faut pas sortir de polytechnique pour constater que House est "plus bien" que l'Hopital... que CSI est "plus bien que RIS... que Engrenages est "plus bien" que Julie Lescaut...
Et ce pour à peu près tout le monde : diffuseur, scénariste, producteur, public.
Je ne pourrai jamais le prouver, mais mettez Engrenages en prime sur TF1 et soyez sur d'être parmi les meilleures audiences.
Tout ça pour dire que, d'après moi, les gouts et les couleurs se discutent puisqu'il y a quand même des critères universels de jugement (qualité, popularité, ...)
Pas d'accord. Un diffuseur dira que ce qui est bon, c'est ce qui est sûr de faire de l'audience. Programmer Julie Lescaut, c'est toujours moins risqué que de mettre à l'antenne un truc nouveau.
Quant au public, quand je compare ce que je regarde à ce que regardent mes parents, et surtout quand on en discute... On ne tombe pas toujours d'accord. Ils trouvent sans doute que je suis snob. Moi je pense qu'ils sont souvent incapable de voir le second degré d'une fiction (le nombre de séries que je trouve "décalées" et qu'eux trouvent juste débiles...)
Ils ne sont pas comme nous éduqués aux séries américaines... Selon moi, la différence majeure entre la culture américaine et la culture française, c'est que les Américains aiment qu'une histoire soit "bigger than life", alors qu'en France on est beaucoup plus attaché au réalisme. C'est évident quand tu prends deux versions d'un même film : "9 mois" et "9 mois aussi", par exemple. Mon père préfère la version française et il va te dire que dans la version américaine, c'est pas réaliste car ils sont tous beaux ! Alors que moi je préfère de loin regarder Hugh Grant !
;)
Bon, alors quand je dis "bien" je veux dire d'une certaine qualité artistique.
Le diffuseur jugera bon son programme par son audience, pas par sa qualité.
Or, là, je ne parle que de ça.
Quant aux différences d'appréciation entre les générations, tu en parles parfaitement. C'est exactement ce que je disais plus tôt. Les jeunes habitués aux séries US ne retrouvent rien de ce qui leur plait dans la fiction française. C'est un problème qu'il faut régler.
Et pour revenir à la question du "bien", quand quelque chose l'est, les gens regardent, quel que soit leur âge. J'ai beaucoup d'amis qui sont spontanément allés voir La Vie des Autres au cinéma, et ils ont aimés. C'est pourtant pas un film grand public, encore moins pour ado. Donc je pense qu'on doit d'abord s'attacher à faire de la qualité avant de se demander SI ça marchera. Ça marchera.
Dans 10 ans et même avant, la télé comme nous la connaissons ne sera plus qu'un lointain souvenir, l'avenir est certainement au programme à la demande et peu importe le support.
Et comme le dit Michel (voir ses post "Un peu de prospective"); "la convergence des écrans pourra peut être permettre la convergence des talents"...
Je pense que c'est surtout super usant pour un scénariste de ne jamais être fier de son travail, et c'est malheureusement souvent le cas qu'on on bosse pour la télé. Comment faire?
Ca peut commencer par ne pas bosser sur une série que tu n'aimes pas. C'est un manque à gagner mais tant pis, il faut savoir ce qu'on veut et je comprends très bien le point de vue de l'apprenti. Et quand tu signes, essayer même dans un cadre normé d'en sortir la meilleure histoire et de ne pas se foutre de la gueule du public.
Ca m'est arrivé de détester ce que j'écrivais parce que encouragée dans cette voie par un directeur de collection...parce que finalement c'etait pas très compliqué à faire et que surtout j'ai manqué de courage pour défendre mon point de vue... C'était facile et ça m'a fait bien bouffer pendant presque un an.. J'espère que la prochaine fois, j'aurai le courage de dire "J'en ai marre de jouer les pisse-copies, je ne sais même pas pourquoi j'aurai mon nom au générique, je déteste ces personnages". Il faut trouver le juste milieu entre "je m'adapte à la série" et "je fais ce qu'on me dit de faire même si c'est de la merde".Franchement, je me demandais vraiment si j'allais continuer à écrire pour la télé. Et puis parfois tu as l'opportunité de travailler sur un projet où on va te donner l'opportunité d'assumer l'histoire que tu écris (même avec des cadres). Après c'est à toi de jouer, avec toutes les responsabilités que ça implique.
Parce que la question essentielle à se poser quand même c'est: Quand on me lâche la bride, est-ce que j'en fait quelque chose?
Moi les discours "putain, on peut pas faire 6 feet under à la télé française à cause de ces cons de décideurs" me gavent un peu et j'ai envie de répondre par une question: est-ce que vous en êtes capables les mecs?"(et les filles hein ;-))
(Fred, je ne dis pas que c'est tien...peace)
Frédérik, tu as raison : la fiction française est globalement assez médiocre. Mais dans son ensemble, la fiction US n'est pas bien meilleure contrairement à ce que tu as l'air de penser. Car ce que tu regardes, c'est la crème de la crème. Alors est-ce que ça a vraiment du sens de comparer nos séries (aussi pourries soient-elles) avec le must des séries US à 8 millions de dollars pièce ?... J'en doute un peu.
Cela dit, on a tous hâte de voir arriver la nouvelle génération qui va relever le niveau... :-)
100% d'accord avec tes deux derniers paragraphes, Dulle ! Des forts en gueule qui allaient nous étonner - ah vous allez voir ce que vous allez voir ! - j'en ai vus passer un paquet. Mais c'est bizarre, ils n'ont fait que passer...
Je me demande si les "décideurs" regardent autant de séries que nous ? Nous, on est gavé de séries américaines, qu'on suit épisode par épisode... Ont-ils le temps/l'envie de faire la même chose ?
On est une génération gavée de télé, peut-être celle qui en ingurgite le plus. Mes parents (qui ont à peine 50 ans) n'avaient pas la télé quand ils étaient petits, et je ne pense pas que je laisserai mes enfants - si j'en ai un jour - regarder la télé autant que moi j'ai pu le faire (sauf les séries que j'aurais écrites, même si ça doit être Louis Page !).
Je crois qu'il y a un vrai fossé générationnel, et que les responsables des chaines sont du mauvais côté.
Au delà de toutes ces histoires de calculs, d'audience et de pdm, il y a sûrement une question de feeling...
Dans 20 ans, quand des personnes nées dans les années 70-80 arriveront au pouvoir, les choses changeront (et les jeunes les traiteront de vieux cons, bien entendu !) ;)
La télévision française a connu un âge d'or, dans les années 60/70 : de Nina Companeez à Joëlle Mazart (ouais, j'ose le grand écart) ça avait de la gueule et c'était spécifiquement français. Même les sitcoms style "Saintes Chéries" ou "Vive la vie", c'était achement bien. Mais à l'époque, y avait moins de choix (trois chaînes !), peu de séries US diffusées en France (à part "les envahisseurs" et "super jaimie" ahem) et assez peu de fiction à l'antenne (vous vous rendez compte, il y avait du théâtre et de l'opéra à 20h30 !!).
Aux USA, chaque soir, il y a des séries en face l'une de l'autre. La concurrence, ça aide à améliorer la qualité (mon Dieu, je parle comme un "liberal")... Tant qu'il n'y aura pas de séries françaises en face l'une de l'autre, ça sera difficile de remonter le niveau, non? Mais bon, faut rester modeste, apprendre son métier un peu plus chaque jour, même quand il s'agit de pisser de la copie, on apprend... Et puis, comme je dis parfois (quand je suis démotivé) "chaque chèque en son temps" !
Alors je pars pour une journée de boulot, et quand je reviens ça s'étripe ! ;)
Bon je répondrai surtout à Anaël, dont le blog m'a fait réagir. J'ai résumé ce que tu disais, et qui m'avait questionné, sans pour autant te citer expressément, d'où l'absence de guillemets.
Je suis parti de ce que tu dis en réponse à des commentaires, et cette fois, c'est une vraie citation:
"Je constate quels sont les succès de la fiction française et j’en déduis ce qu’aime le public. Force est de constater que ce n’est pas ce que j’aime moi". et encore: "Je n’ai pas envie de me sacrifier à écrire des trucs qui ne plaisent pas juste pour être scénariste."
Donc, ok, il n'y a aucun problème à dire ça, je veux juste dire que dans ce cas-là, c'est difficile (masochiste ?) de faire un blog en tant que scénariste, qui parle surtout de fictions télé, en comparant séries US et françaises, etc.
Pourquoi ne pas plutôt parler de ce que tu aimes faire VRAIMENT et que tu évoques un peu plus haut, à savoir écrire pour l'animation, des romans, le jeu vidéo…?
Parce que tenir un discours sur la fiction TV, dans la peau du scénariste que tu es, pour dire, je n'y touche pas parce que je ne m'y reconnais pas, peut faire penser à certains que tu te poses en juge de tes confrères, ce qui en a fait réagir quelques uns ici.
Je ne crois pas qu'on puisse se préserver de la frustration, de l'adversité, du combat avec des décideurs qui ne pensent pas comme toi. Tant mieux si dans les autres voies que tu as choisies, cela se passe aussi idéalement. Mon expérience est que ce n'est jamais ni tout rose ni tout noir, mais pour que ce soit rose un jour, il faut en passer par les phases où c'est noir. Donc aller au combat, mouiller son T-shirt. Si tout est perdu d'avance à quoi bon ? SI tu penses qu'il y a des lois immuables, de Maggy à PBLV, qui empêchent le public d'aimer ce que tu a envie d'écrire, alors oui, il faut lâcher l'affaire. Mais il ne faut pas jeter la pierre à ceux qui croient qu'on peut proposer des choses nouvelles, et que le public ne sait pas encore qu'il aimera.
Qui pensait qu'un large public aimerait Kaamelott avant qu'Astier ne le propose ? S'il ne s'était pas battu pour que ça existe, personne ne l'aurait jamais vu ni apprécié, et dieu sait que la bataille n'a pas été évidente.
Donc moi j'y crois encore, au fait qu'on puisse faire passer des projets personnels ambitieux, même si ça passe par des commandes à honorer qui ne me plaisent pas, parce qu'on ne peut pas livrer une bataille à la seule condition d'être sûr d'être vainqueur…
Désolé de pas avoir participé, hein, les gars (et les filles). mais nous, on avait du travail à la prod toute la journée.
Juste pour dire que, personnellement, quoi que j'ai pu laisser croire ici où là, je n'ai jamais signé un truc dont j'avais honte. Alors c'est vrai, parfois, on est déçu de ce que ça devient, soit à cause des lissages, des nouvelles versions ou de la réalisation, mais pour moi ce n'est pas si grave et ça fait partie du métier (sinon, en plus d'être auteur, je serai réalisateur et producteur). Et même la 8ième version du séquencier de AI, je n'en ai pas "honte". Oui, il y a des choses que je n'aimes pas, oui j'ai fait des compromis pour la productrice, mais jamais je me suis senti obligé de l'écrire au point de tout renier.
Et je crois que c'est ça le métier, vraiment. Des compromis, des espoirs et des déceptions. Et pour l'avoir vécu, une commande, avec tout ce qu'il y a de contraintes dedans, peut même bien mieux se passer qu'une création originale. Parce qu'à partir du moment où le texte dépasse le stade du document Word (ou Pages, hein...) du bureau à celui de texte lu par "les autres", ce n'est JAMAIS simple.
Dans les années 80, ça avait déjà bien changé... J'en ai regardé des séries US à l'époque!, même Dallas au grand désespoir de ma maman; sauf Wonder Woman, je trouvais ça tellement nul, ils auraient pu faire un effort pour une des rares super-héroine!!!
Max, tu vas être gâté ! Si j'en crois les bruits qui sont arrivés jusqu'à mes oreilles, TF1 voudrait relancer "Pause café". C'est-y pas une grande idée moderne tout plein, ça ?! (on n'est pas rendus...) Par contre, ce ne sera plus Joëlle Mazard, parce qu'elle est sexagénaire maintenant !
"Pause Café"...
J'ai mille ans tout d'un coup ;)
Merci Swann!
" Donc moi j'y crois encore, au fait qu'on puisse faire passer des projets personnels ambitieux "
Il y croit ! Il y croit !!!
Me voilà un peu rassuré, tout d'un coup...
PS, Dulle : "Fred, je ne dis pas que c'est tien...peace" Ai po compri :)
Je parlais de Joëlle Mazart, les deux premières saisons (avec Marc Lavoine et Marilyne Canto en lycéenne nymphomane ! et Claire Maurier !), pas cette série de téléfilms "pause café, pause tendresse" absolument berk berk !
J'ose pas imaginer ce que ça va donner aujourd'hui..
Et pour ton info Swann, Véronique Madrange a juste 50 balais :-) En ce moment, je suis incollable sur l'âge des actrices :-)))
Une question Max: comment peux-tu te souvenir du nom du personnage d'une série aussi...datée ;) ? La plupart des figurants et quelques comédiens venaient de mon école (je ne te raconte même pas l'émeute au lycée) et je ne me souviens plus de leurs noms...
Enfin Isabelle.. "Joëlle Mazart" quand même ! Et son fabuleux générique chanté par Michèle Torr ("là... une voiture cassée..."), ça marque une génération de trentenaires ! Il y avait aussi la doubleuse de Super Jaimie (ok j'étais amoureux de la femme bionique...) et dans la première saison Jacques "mais qu'est-ce que c'est que cette matière ??" François.
Cette série doit avoir mal vieilli, c'est sûr. Mais comme toutes les séries au bout de quelques années. Sauf "Twin Peaks" indémodable.
"je peux dire que presque plus personne n'est enthousiasmé par la fiction française."
Le problème, c'est cette phrase. Car la population pense que la fiction française s'arrête à Julie Lescaut, P.J., etc. Mais la fiction française, c'est également La Commune, Reporters, Fais pas ci, fais pas ça, tous les shortcom de qualités comme Kaamelott ou Vous Les Femmes (sur TEVA actuellement). Y a des tas d'exemples de qualités en terme de fictions françaises.
Mais ton commentaire est particulièrement représentatif de l'ambiance actuelle : il y a une auto-persuasion du public qui n'aime plus le français. Une auto-persuasion d'un public jeune qui justement est fasciné par la fiction américaine et qui n'est même plus curieux de ce que l'on produit en France.
En tant que journaliste dans ce domaine, je suis à chaque fois frappé d'entendre ça. Alors même que la personne qui le dit ne connait ni Reporters (l'une des plus grandes séries françaises contemporaines à mon avis), et ne fait pas le rapprochement aux qualités d'écritures des shortcom qui forment des auteurs très talentueux. Et c'est pour ça que je me force personnellement à porter un regard sur la production de la fiction française parce qu'il y a un pont qui n'a pas intérêt à disparaitre.
Je suis plutôt d'accord d'ailleurs sur ton diagnostic. Si dans 10 ans, les chaînes et les boites de prod ne se bougent pas le cul, on va boire la tasse américaine. Quand il s'agit de voir Breaking Bad ou Mad Men, ça ne me dérange pas. Mais si c'est pour me trimballer du CSI ou du Grey's Anatomy : non merci.
Exactement.
Autre problème, il y a souvent un déficit de marketing de la part du diffuseur.
Je ne serai pas allé sur le site du Village un certain jour d'octobre, je n'aurai jamais su que la Commune existait (même si je trouve la réussite de cette série discutable - ai pas trop aimé).
Ce manque de com existe pour toutes les séries, qu'elles soient populaires ou non. Les diffuseurs font mal la promotion de ce qui est nouveau en général, et s'étonnent après des mauvais résultats. Canal + encore. Quand ça marche ce n'est pas un problème, le public suit, comme Kaamelott, Julie Lescaut, etc... Mais quand il faut lancer quelque chose de nouveau, c'est très artisanal. Parce que, bon, souvent les bandes-annonces sont à la hauteur de la qualité des séries, pas terribles (pour rester gentil) : que la série soit bonne ou pas les trailers m'ont rarement donné envie de regarder (La Main Blanche, TF1 ou Clara Sheller, F2).
Cependant ça change peut-être, en tout cas j'espère ; l'influence américaine n'est pas que mauvaise à ce niveau là. Car j'ai vu la BA de Cellule Idendité avant-hier, et c'était plutôt bien foutu, alléchant même, vraiment très très bien !
" Y a des tas d'exemples de qualités en terme de fictions françaises."
Oui, mais pour que le public s'y mette, il faut :
1) que ces exemples se fassent connaitre !
2) que ces réussites deviennent monnaie courante, pour redorer aux yeux du public le blason made in France.
Y a peut-être un problème de communication, mais ce sont les chaînes qui en sont responsables. Pas les scénaristes ni les producteurs.
D'autre part, des séries françaises de bonne qualité qui gardent le cachet hexagonal, ça existe. Les Oubliées en est l'exemple parfait. Quant à Cellule Identité, je me suis ennuyé très rapidement. A la limite, je préfère Les Bleus sur M6 qui, même si elle n'a rien d'exceptionnel, est portée par la vision d'un auteur. Mais ça ne marche pas toujours, la surestimée Off Prime est particulièrement mal jouée et rares sont les scènes bien écrites.
Et puis faut arrêter. Fais pas ci, fais pas ça, diffusée le samedi à 19h... comment elle peut s'en sortir avec une telle case horaire ? De toutes les comédies que j'ai vu, anglaises et américaines comprises, FPC² est à mon avis la meilleure de toute cette saison. D'ailleurs, le Festival de Monte Carlo a remis deux récompenses à la série française (meilleure actrice et meilleur producteur). Et la série reste pourtant méconnue alors qu'il s'agit d'une perle.
Frédérik, si ça t'intéresse, ya un article (Télérama) sur la façon dont les auteurs ont travaillé sur "Les oubliées", en cherchant à créer une identité (française) en s'inspirant de Chabrol, Simenon et Audiard.
Et sur le site du "Village", une très bonne analyse de PBLV qui met en avant un certain engagement de la série, c'est vrai que la seule fois où je l'ai regardée, je suis tombée sur une intrigue avec la DGSE mais sinon ça me parle pas.
Ah mais oui c'est la faute des chaines, j'ai jamais dit le contraire :D
Quant à CI, je n'ai pas non plus aimé le pilote, mais je parlais juste de la BA très réussie de l'épisode de cette semaine. En revanche c'est sur Les Oubliées que je me suis pas mal ennuyé...
Et je n'ai jamais eu la chance de voir FPC², mais tu me donnes bien envie de m'y mettre au plus vite.
Pour en profiter au maximum, il est nécessaire que plusieurs tranches d'âge soient présentes parmi les téléspectateur. Des parents, aux grands ados, aux jeunes enfants.
Ca va deux minutes de taper sur les diffuseurs... On ne peut pas réduire le système de production français à une opposition entre scénaristes créatifs et méchantes chaînes castratrices. Je ne sais plus quel commentaire demande ce qui se passe quand un scénariste dit "NON" à toutes les remarques, critiques, etc. : pour moi, un scénariste qui dit non à tout et n'écoute rien n'écrira pas un très bon scénario.
Les plus grands créateurs (à commencer par ceux des séries américaines que nous aimons tant) ont besoin d'un regard extérieur.
Les producteurs et les conseillers de programmes ne sont pas tous des imbéciles incultes qui s'amusent à transformer des chefs d'oeuvres et eau tiède. Bon, ok, il y en a quelques uns ! Mais il y a aussi un paquet de scénaristes qui feraient mieux de balayer devant leur porte (je ne vise personne ici :-) avant de taper sur le diffuseur. On ne peut pas dire que le scénariste est au centre du processus créatif, et ensuite le dédouaner de toute responsabilité quant au résultat final.
Pour ce qui est de Cellule Identité, dont je suis bien placé pour parler, nous (auteurs et réal) avons fait exactement la série que nous voulions. Nous l'assumons à 100%, dans ses qualités comme dans ses défauts. Si elle est ratée, ou sans âme, ou qu'elle donne l'impression d'être pompée sur les américains c'est de notre faute. Pas celle du diffuseur.
Et je regrette aussi la mauvaise réputation de la fiction française. Comme le fait remarquer Swann, ça n'a aucun sens de comparer "Six Feet" avec Joséphine. Depuis quelques années, on a pu voir Clara Sheller, David Nolande, Engrenages, Reporters, les Bleus, les Oubliées, Nom de code DP, Fais pas ci, Fais pas ça (une des meilleures séries de comédie à mon goût), Kaamelott, et je ne parle pas des très nombreux unitaires de qualité (dont pas mal sur TF1). Ca commence à faire pas mal d'exceptions !
Les unitaires sur canal en jettent pas mal également. Les prédateurs, sur l'affaire Elf, Opération Turquoise, etc.
Je rétrécis peut-être le débat, ;-) mais je ne comprendrai jamais l'engouement de beaucoup sur David Nolande.Toutes les autres citées je suis plutôt d'accord, je rajouterais aussi "sur le fil", mais Nolande m'a paru un truc absolument ridicule. Comprends pas, comprends pas...
C'est marrant (et je parle de moi comme plutôt nouvelle dans ce boulot de scénariste TV) comme on change de point de vue quand on passe de l'extérieur à l'intérieur. Je ne sais pas à quoi c'est dû cette image horrible et caricaturale de cet univers qui "broie" du scénariste. J'avoue, j'ai eu cette vision, cet a priori en commençant '(mais qui m'a été véhiculée par quelques scénaristes télé!). Et puis, je me rends compte que ça ne change pas beaucoup du théâtre par exemple, duquel je viens. Un directeur de collection est un peu comme un metteur en scène, en tant que capitaine de navire. Avec certains, on peut discuter, proposer, profiter de leur vision et de leur expérience parce que tout simplement c'est intéressant et enrichissant. Avec d'autres, c'est super compliqué, parce que tout simplement on n'aime pas ce dont ils ont envie.Il y a quand même des fois (rares j'espère?) où en tant que "simples" scénaristes on est pas grand chose. Comme dirait Cedric, c'est pas si grave, mais que c'est ennuyeux de faire ce boulot dans ces conditions. Moi les diffuseurs je m'en fous en général,à mon niveau mon interlocuteur principal est le directeur de collection, qui a une vision de sa série qui m'intéresse ou pas, avec qui je peux discuter ...ou pas.
Moi je parie que si les apprentis scénaristes présents sur ce blogs passent un jour de l'autre côté de la barrière, ils parleront autrement...
En plus, il ne faut pas croire qu'écrire une série "que vous n'aimez pas" est quelque chose de facile et que les auteurs font ça sans faire d'effort. Une Julie Lescaut est coton à écrire. Un Cellule Identité, c'est pareil (on a testé pour vous). P16 aussi, et certaines fictions jeunesse également (GDM, pour ne parler que d'elle, va laisser sur le carreau pas mal d'auteurs). Alors moi j'ai envie de dire aux auteurs, avant de vouloir faire Dexter, répondez à des commandes et après on verra.
Et moi je préfère Cellule Identité à FBI, CSI ou Cold Case. parce que dans Cellule Identité, ils font un briefing dans un ascenseur en panne et ça c'est la classe ! ;)
Ah oui, moi aussi j'ai vachement aimé cette scène... Ca marche bien les scènes d'ascenseur en panne,(quand c'est bien écrit) c'est un truc psychanalitique (bon, vulgairement c'est un truc sexuel, mais je fais genre quoi...)
JC, j'adore regarder tes petits poissons...J'ai même envie de leur donner à bouffer. Tu me diras quand tu partiras en vacances, je m'en occuperai.
Pas de problème Dulle. Et tant qu'à faire, il y aura aussi les plantes vertes à arroser à la maison.
Pour revenir au débat, je le trouve très intéressant, et je trouve dommage qu'il n'y ait pas assez d'endroits "réels" où l'on peut débattre de ces questions, entre auteurs, producteurs, diffuseurs ( et autres). Parce que la fiction est en train de changer radicalement, le public aussi, et j'ai l'impression que tout le monde est en train d'essayer de faire sa série ou son téléfilm de son côté, à tâtons,persuadé de détenir la vérité. Ça manque d'une ambition commune, ou, tout du moins, d'une réflexion commune…
C'est au moins la preuve qu'il n'y a pas qu'une vérité...
Tout le monde aime bien l'ascenseur, alors ? Je suis un peu vexé, sur ce coup là :-) Histoire de rendre à César ce qui lui appartient, c'est une idée... du réalisateur !
La séquence devait être tournée dans un parc, mais il y a eu un orage terrible ce jour là, donc ils ont improvisé l'ascenseur à l'arrache. Je trouve ça au final très réussi et mieux que la scène initiale. Comme quoi, les scénaristes peuvent toujours bénéficier d'un apport extérieur, et paf, on en revient à notre débat !
Je confirme : l'ascenseur, scène top ! Je me souviens même qu'en regardant l'épisode, on s'était dit avec Cé "ouah ! trop bien l'ascenseur !" ;)
Mais le reste était chouette aussi !
Pour avoir lu le texte, je me disais bien que ça n'y était pas...
Moi, quand j'ai vu la scène de l'ascenseur, je me suis dit: ça c'est typiquement une idée de réalisateur…
Quoi, on peut rigoler, non ?
" Moi je parie que si les apprentis scénaristes présents sur ce blogs passent un jour de l'autre côté de la barrière, ils parleront autrement "
C'est ce que je n'arrête pas de répéter. Mais en attendant ce jour où je devrai payer mon loyer, je ne suis là que pour apporter mon grain de sel naïf et inquiet.
Car pardonnez-moi de vouloir évoluer dans un cadre prospère où je serais davantage susceptible de répondre à une commande (ce qui ne dérange absolument pas) pour Engrenages (un exemple, rien qu'un exemple) que pour Julie Lescaut. JL étant aussi bien difficile à écrire, nous sommes d'accord. De toute façon rien n'est facile dans ce métier, je le comprends bien.
Comme quoi les contraintes... Vive la télé pauvre, que des ascenseurs, des cages d'escaliers, des cagibis comme décors... J'ai hâte, bientôt ce sera comme ça sur France Télévision.
Ça l'est pas déjà ? ;)
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